Photo : Riad Par Samira Imadalou «Option valable» pour Chakib Khelil et option «à risques» pour Karim Djoudi. Les avis semblent partagés entre les deux ministres sur les fonds d'investissements. A chacun son appréciation du dossier et à chacun ses arguments. Il reste cependant un point commun entre les deux ministres, celui de la prudence par rapport à cette question qui alimente le débat depuis quelques temps sur la scène financière nationale. Le ministre de l'Energie et des Mines a estimé jeudi dernier que «l'Algérie n'est pas comme les pays du Golfe car elle va avoir besoin de toutes ses ressources pour les investir à l'intérieur du pays». Il plaide donc pour l'investissement national d'abord avant de se lancer dans quatre ou cinq ans dans les fonds d'investissements. Pour sa part, le ministre des Finances avait déclaré en mai dernier que le fonds souverain n'était pas un moyen qui permettait systématiquement de mieux gérer les réserves de changes car il s'accompagne aussi d'«éléments de risques». Faudrait-il donc suivre la Libye et aller vers les fonds d'investissements considérés par le secrétaire général du Rassemblement national démocratique actuellement chef du gouvernement, M. Ahmed Ouyahia, comme «des effets de mode» ? Une manière de les qualifier de «produits périssables», donc à éviter. Ainsi, le débat est focalisé sur le recours ou non de l'Etat à cette solution avec l'aisance financière engendrée ces dernières années par la flambée des cours du pétrole. Partageant l'avis du ministre de l'Energie et des Mines qui parle de possibilités d'investissements extraordinaires en Algérie avec le programme de 150 milliards de dollars d'investissements, certains économistes jugent utile cette solution en Algérie. Ils estiment que les fonds d'investissements ne sont pas uniquement destinés à l'investissement à l'étranger mais également à l'échelle interne notamment pour encourager l'émergence de champions nationaux économiques dont on ne cesse d'évoquer l'importance à l'ère de l'ouverture du marché. Il s'agit aussi de l'avis des experts économiques d'utiliser les fonds souverains dans des projets de grande envergure. Au sujet des risques, on relève, toujours du côté des spécialistes, qu'il n'y a pas de risque zéro. Et ce, d'autant que tout investissement génère des risques, quel que soit le secteur ou le montant mobilisé à cet effet. IL suffit donc de mettre en place les moyens nécessaires pour la gestion de ces risques. Ainsi, le travail à faire devrait être axé -si on suit l'option de Khelil qui évoque la création de fonds souverains dans les cinq prochaines années- sur les moyens humaines ou, en d'autres termes, sur les ressources managériales. Une question liée directement au mode de gestion et de gouvernance et qui fait également, ces derniers temps, l'objet de débats intenses. Mais, de manière globale, la décision de créer des fonds souverains revient aux pouvoirs publics qui ont déposé, pour rappel, une bonne partie des réserves de changes, soit 43 milliards de dollars en bons du Trésor américains. A titre indicatif, les fonds souverains sont des fonds d'investissements créés par des Etats pour investir les revenus provenant de l'excédent de leur balance des paiements pour un montant de plus de 3 500 milliards de dollars. On s'attend à ce que ce chiffre augmente de manière considérable dans les prochaines années. Ces fonds sont fortement utilisés dans les pays du Golfe, notamment aux Emirats arabes unis qui comptent le fonds le plus important du monde avec 875 milliards de dollars.