Dans un entretien accordé à la chaîne de télévision France 24 et diffusé hier, le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, a estimé que la création de fonds souverains était une «option valable». L'Algérie pourrait donc se doter, selon lui, de ces fonds dans 4 ou 5 ans. Et ce, pour financer des activités à l'extérieur du pays. Cependant, la démarche de l'Algérie dans ce cadre serait différente. Et pour cause, a expliqué le ministre, «l'Algérie n'est pas comme les pays du Golfe car elle va avoir besoin de toutes ses ressources pour les investir à l'intérieur du pays». «Nous avons des possibilités d'investissements extraordinaires en Algérie. Nous avons un programme de 150 milliards de dollars d'investissements [ndlr : programmes de soutien à la relance économique et programmes complémentaires du Sud et des Hauts Plateaux]. Nous pensons que nous allons avoir besoin de toutes ces ressources à l'intérieur du pays», a-t-il ajouté. Ce qui explique le report du recours aux fonds souverains. Une solution qui exige un profond examen. «C'est une idée à laquelle il faut bien réfléchir car il faut avoir les moyens, les ressources humaines et faire éventuellement des partenariats pour essayer de décider où et comment investir, si on doit le faire à l'extérieur», a-t-il encore expliqué. A travers cette sortie, le ministre de l'Energie et des Mines ne semble pas contre le recours aux fonds souverains même s'il privilégie en premier lieu les ressources nationales. L'appréciation de Khelil diffère un peu de celle du ministre des Finances. En effet, dans ce sillage, M. Karim Djoudi s'était montré prudent sur cette question. A l'occasion du dernier forum sur la finance internationale organisé mai-juin à Alger, M. Djoudi avait déclaré que le fonds souverain n'était pas un moyen qui permettait systématiquement de mieux gérer les réserves de changes. Car, avait-il expliqué, il s'accompagne aussi d'«éléments de risques». A ce propos, il avait expliqué que la crise financière internationale générée par les crédits hypothécaires à haut risque (subprime) a touché directement ou indirectement les groupes bancaires internationaux alors que «les fonds souverains s'orientent généralement vers des actifs à risques élevés». L'argentier du pays avait estimé que la création éventuelle d'un fonds souverain en Algérie nécessitait «une décision économique dont il faut évaluer l'opportunité», en ajoutant que les risques auxquels font face ces fonds «doivent être appréciés» minutieusement. Les fonds souverains, rappelle-t-on, sont des fonds d'investissement créés par des Etats pour investir les revenus provenant de l'excédent de leur balance des paiements. Outre la Chine et d'autres pays d'Asie, les Etats du Golfe ont mis sur pied ces fonds pour investir leurs immenses recettes pétrolières à travers l'acquisition de plusieurs actifs d'investissements à travers le monde. R. E.