Photo : S. Zoheir Par Abderrahmane Semmar Les familles de la rue Larbi Madi à Bab El Oued crient leur détresse. Elles sont au moins 15 familles qui habitent une ancienne bâtisse, laquelle menace ruine depuis une dizaine d'années. Quinze familles avec des enfants en bas âge habitent un vieil immeuble qui date de l'époque turque. Une maison durement touchée par les aléas du temps, les affres du climat et les rudesses des secousses sismiques. Des murs gravement lézardés, des façades sérieusement crevassées, des escaliers partiellement détruits, la vieille bâtisse où résident ces familles donne froid dans le dos. «Nous sommes inquiets pour notre sécurité. L'année dernière, à la rue Jaurès, les 16 familles qui habitaient un immeuble classé rouge ont perdu un voisin lors de l'effondrement du toit de cet immeuble. Le nôtre est aussi classé rouge. Les services de l'urbanisme nous ont certifié que nous sommes en danger. Nous avons écrit au wali, nous avons interpellé le maire. Mais personne ne nous a tendu la main», s'indigne Lyes, un des habitants de l'immeuble pour lequel la question des habitations précaires revient sur le devant de la scène après mort d'homme. «Faut-il que l'un des nôtres meure sous les décombres pour qu'on pense à nous reloger ?» s'interroge sur un ton amer notre interlocuteur. Cependant, il est à souligner que le cas de ces 15 familles de la rue Larbi Madi à Bab El Oued n'est pas isolé. Auparavant, l'année dernière plus exactement, le directeur du logement de la wilaya d'Alger, M. Smain, a reconnu que «70 vieilles bâtisses doivent être démolies en raison du danger qu'elles présentent sur la vie des citoyens, selon une étude technique sur le vieux bâti menée par la direction». En effet, l'étude entamée en septembre 2006 par les CTC a concerné seulement 7 communes sur les 13 prévues. Elle a porté sur tous les vieux immeubles et bâtisses dans plusieurs quartiers de la capitale, dont El Harrach, El Mouradia, Hussein Dey, El Madania, Belouizdad, Alger-centre, Sidi M'hamed, Bab El Oued, la Casbah, Bologhine, Raïs Hamidou et Oued Qoreich, soit plus de 10 800 bâtisses dans les 13 communes concernées qui comptent 22 000 bâtisses, privées et habitées pour la plupart. Une classification de ces bâtisses vétustes a été dressée afin de distinguer celles menaçant ruine et celles nécessitant des travaux de rénovation. Toutefois, si la direction du logement se targue d'avoir procédé à la démolition de 560 bâtisses menaçant ruine et à la récupération de plus de 15 ha de terres destinées à la réalisation de différents projets de développement, il n'en demeure pas moins que 250 constructions, sur 17 617, sont menacées d'effondrement et nécessitent une prise en charge rapide, soit près de 1% du parc immobilier du centre de la wilaya d'Alger. C'est dire que des dizaines et des dizaines de familles risquent de périr à n'importe quel moment à cause de la vétusté et de la fragilité de leurs demeures. Que fait la wilaya d'Alger pour sauver ces citoyens ? Se soucie-t-elle au moins de leur sort ? Les 15 familles de l'immeuble 6 situé à la rue Larbi Madi dans la commune de Bab El Oued aimeraient bien obtenir une réponse à ces questions lancinantes. Est-ce trop demander ?