Les habitants du quartier Cadix à Soustara, commune d'Alger-Centre, sont indignés. Chaque jour, ils assistent impuissamment à l'expulsion de nombreuses familles de leurs demeures. En effet, dans les vieilles ruelles de ce quartier populaire, les vieilles bâtisses sont légion. Des logements précaires dont les murs et les toits se fissurent et cèdent au moindre caprice du climat. Datant de l'époque ottomane ou de l'époque coloniale, ces bâtiments servent jusqu'à aujourd'hui de gîte à des milliers de familles. Mais, voilà, ces dernières, locataires pour la plupart d'entre-elles se retrouvent désormais menacées d'expulsion par les propriétaires de ces vieilles «carcasses». Ces derniers voudraient visiblement chasser tous leurs locataires dans l'optique d'un relogement que l'APC leur a miroité puisque leurs propriétés foncières sont appelées à disparaître. Cependant, dans cette affaire, personne ne s'est souciée du sort des dizaines de familles locataires de ces immeubles en voie de disparition. La famille Berrahma, résidant dans le boulevard Ourida Meddad, incarne à elle seule le destin tragique de ces familles. Logeant depuis l'indépendance du pays, dans un immeuble de 6 étages, dont l'état de délabrement aujourd'hui est très avancé, cette famille risque d'être expulsée aujourd'hui même puisque le propriétaire de ce vétuste bâtiment sera accompagné par les services de l'ordre pour les faire sortir manu militari s'il faut après que l'avis d'expulsion lui a été notifié par l'huissier. Avec 7 enfants à sa charge, Mme Berrahma ne sait même pas où aller pour se réfugier elle et ses enfants. «La rue, terrain de tous les dangers, sera notre unique recours. Nous allons nous cacher dans un refuge construit avec de la toile et des tubes en carton. Nous vivrons ainsi sous la pluie et le froid», confie avec détresse Mme Berrahma qui a frappé à toutes les portes pour éviter à ses enfants de se retrouver sans toit. «Des avocats m'ont certifié que les dispositions de l'article 507 du code civil interdissent les expulsions dans mon cas vu que je suis dans une situation très précaire. Il est impossible pour moi de trouver un logement ailleurs», explique notre interlocutrice qui nous apprend également que ni le président d'APC d'Alger-Centre ni le wali délégué de Bab El Oued n'ont daigné lui tendre une main chaleureuse. «Le maire m'a dit que je ne peux rien faire pour toi. Il n'a même pas cherché à faire le médiateur pour m'éviter l'expulsion. Quant à un éventuel relogement, il ne m'a même pas permis d'espérer cela», relate notre vieille hadja. Malheureusement, le cas de cette famille n'est guère isolé à Soustara. Actuellement, pas moins de 15 familles expulsées squattent une école primaire dans ce quartier. Livrées à la précarité la plus horrible, ces familles souffrent en silence et dans l'indifférence des pouvoirs publics. Ces derniers ne bougent même pas le petit doigt pour protéger leurs citoyens des affres du dénuement et des dangers de la rue. Jusqu'à quand ? Mme Berrahma aimerait bien qu'on réponde à cette question… A. S.