Photo : Riad De notre envoyée spéciale à El Hadjar (Annaba) Badiaa Amarni Le complexe d'El Hadjar, dont l'appellation actuelle est Arcelor Mittal depuis son passage entre les mains de cette société indienne, s'est tracé des objectifs à la hauteur de ses ambitions qui sont produire plus, faire davantage de gains et exporter plus. Mais qu'en est-il de la politique d'emplois au sein de ce groupe, surtout que les jeunes ont affiché à plusieurs reprises leur mécontentement devant l'absence d'embauche ? Sur place, et lors d'une réunion de travail organisée au début du mois de juin avec les travailleurs, les cadres et le syndicat de l'entreprise, le nouveau directeur général de cette entreprise, M. Bernard Bousquet, a révélé le programme de travail d'ici l'horizon 2015 qui fait office de feuille de route. Pour lui, toute l'attention est actuellement portée sur le programme à court terme (2008-2009) dont le premier objectif est la sécurité. «Il faut être intransigeant sur cet aspect. Il s'agit là d'un besoin fort qui nécessite la mobilisation du personnel avec la mise en place du programme de formation appelé BBS. Un programme qui travaille sur le comportement des managers, sur notre comportement à nous tous, et celui des opérateurs pour améliorer les conditions de travail et la façon de travailler, surtout dans le domaine de la sécurité», explique notre interlocuteur. Et d'ajouter que «les performances de sécurité sont largement décalées par rapport au groupe puisque les chiffres démontrent que le nombre des personnes touchées par des accidents du travail est trop élevé». Sur les chiffres justement, et pour appuyer ses propos, le DG d'El Hadjar dira que rien que pour le mois de mai dernier, 14 personnes ont eu des accidents avec arrêt de travail. «Il est vrai que certains accidents sont bénins, représentés par de petites coupures ou de petites douleurs seulement, mais d'autres sont plus sérieux, et c'est cela que l'on veut réduire.» Est-ce que cela a de grandes répercussions sur le travail et le rendement ? Notre vis-à-vis explique que «ça a d'abord et avant tout des répercussions sur l'individu touché lui-même, ensuite sur le travail, le rendement et l'efficacité». Cela représente donc «un axe d'amélioration fort qui nécessite de travailler avec le personnel en lui assurant la formation, en développant chaque individu pour aller vers le progrès et faire en sorte que chacun soit à sa place dans la nouvelle organisation». Objectif : créer 7 000 emplois Interrogé sur les emplois et les jeunes qui ont affiché leur colère et qui demandent de l'embauche, le directeur général d'Arcelor Mittal déclare que l'entreprise a fixé ses objectifs en termes d'emplois, qui sont autour de 7 000 environ. «Il y a eu des départs en retraite, compensés par des embauches parmi du personnel qui était déjà en sous-traitance chez nous. Ce n'est pas la totalité mais ce qui est clair, c'est que le site n'a pas vocation à assurer un emploi à tout le monde.» Car «nous avons une capacité d'embauche limitée et le nombre d'emplois est fixe pour cette entreprise. Je ne pense pas qu'on soit en mesure de fournir un emploi à tous les gens qui le demandent». Globalement, on peut dire qu'«il y a une stabilité des emplois puisqu'il y a eu des départs et pas une mise à la porte du personnel». Se voulant encore plus explicite, le premier responsable du complexe a signalé qu'il y a eu des départs à la retraite selon des conditions fixées et qui ont concerné environ 1 500 personnes. Suite à cela, «une réorganisation a été mise en place, ce qui nous permet d'améliorer l'efficacité de l'entreprise». Par ailleurs, notre interlocuteur n'a pas manqué de dire que «l'entreprise a un objectif un peu meilleur pour le personnel et qui consiste à améliorer les conditions de travail mais également la productivité de cet ensemble à travers deux gros leviers». Il s'agit d'abord de produire plus, d'avoir une production stable, d'améliorer nos paramètres, nos conditions, et, ensuite, d'aider le personnel à devenir plus compétent à travers la formation. A côté de tout cela, le travail de réorganisation effectué «a pour but de veiller à ce que chacun soit à la bonne place et nous permette d'atteindre de bons ratios de production» Le défi, c'est donc d'améliorer le rendement grâce aux travailleurs. «Les compétences et les hommes qui sont ici sont capables de relever ces défis», affirme M. Bernard Bousquet. Pour lui, l'avenir, c'est de progresser vers 2 millions de tonnes à produire, pour se rapprocher des niveaux des compétiteurs mondiaux. Pour lui, «c'est l'environnement qui nous pousse à aller de l'avant et c'est aussi la compétition, à laquelle il n'est possible de faire face qu'à travers le développement de la compétence et l'amélioration des conditions de travail du personnel». Il faut savoir que le complexe d'El Hadjar importe une partie des matières premières tandis que le reste des minerais de fer provient des mines d'El Ouenza et de Boukhedra qui alimentent à 100% ses besoins. «On est très liés à cette activité des mines que l'on veut développer et qu'on veut faire grandir avec le complexe», déclare encore M. Bousquet, ajoutant que «la politique sociale dans cet ensemble est tout à fait cohérente et que les mêmes priorités sont menées sur ces entités». Sur les quantités de minerais, notre interlocuteur dira qu'on transporte aujourd'hui environ 2 millions de tonnes. Et sur le volume de la production actuelle, il dira :«Sur l'année, on n'arrivera sûrement pas à 1,3 million de tonnes, compte tenu de la perte du début de l'année suite au grave incident que nous avons eu sur l'aciérie. Mais, ce qui est important, c'est de travailler à un rythme de 1,3 million». Et sur le projet de Jijel qu'il avait évoqué à la réunion, le DG d'Arcelor Mittal fera savoir qu'il avance bien, qu'il sera officiellement lancé sous peu et permettra de créer de l'emploi. Dans ce projet consistant, il sera procédé, pour la première phase, à la mise en place du laminoir du rond à béton pour fabriquer ce dernier produit pour les projets et les structures qui en ont besoin. Dans sa deuxième phase, l'usine fera aussi le traitement de minerais de fer. Quant à la relation de l'entreprise avec le syndicat, M. Bousquet a tenu à signaler que «c'est un partenaire qui est tout à fait ouvert et avec lequel on travaille pour aller vers le mieux de cette entreprise qui a besoin d'évoluer et de s'améliorer». B. A. ------------------------------------------------------------------------ Les investissements futurs d'Arcelor Mittal L'entreprise Arcelor Mittal de Annaba envisage d'investir environ 80 millions de dollars d'ici deux ans. Plusieurs projets sont inscrits et concernent, entre autres, l'acquisition de 6 convertisseurs qui transforment la fonte en acier pour une enveloppe financière estimée à 23 millions de dollars. «Cette opération a déjà démarré», explique le secrétaire général du syndicat d'entreprise M. Kouadria. Un autre projet concerne aussi l'achat de filtres pour l'agglomération afin d'arrêter les poussières, pour une enveloppe allouée de 11 millions de dollars déjà débloquée. Toujours selon notre interlocuteur, «une station de filtration de l'ammoniaque pour préserver l'installation et même l'environnement sera mise en place». L'entreprise va aussi éliminer 400 transformateurs PCV qui seront retirés des installations pour les remplacer par des transformateurs plus modernes avec d'autres systèmes de refroidissement. «Nous avons des transformateurs PCV dont l'huile est nocive pour la santé, il y a des instructions internationales pour éliminer ce système», déclare encore M. Kouadria. En plus de tout cela, il sera procédé à la réhabilitation du haut fourneau n°2, l'étude a été lancée de même que l'acquisition des équipements. «Plus on fait d'extensions et monte en production, mieux c'est.»
