Finalement, le Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG), réuni mardi dernier à Doha, n'a pas tranché dans l'élection de son secrétaire général. La décision a été repoussée à décembre prochain. Six mois seraient ainsi suffisants pour proposer un candidat à ce poste. Cette information a été livrée par le ministère russe de l'Energie dans un communiqué rendu public hier et repris par la presse russe. En attendant, c'est le ministre de l'Industrie et de l'Energie du Qatar, Abdallah Ben Hamad Al Attiyah, qui occupera ce poste par intérim. La presse moscovite révèle par ailleurs que Russes et Iraniens se livrent une concurrence autour de ce poste. Le FPEG est une organisation informelle qui regroupe une quinzaine de pays exportateurs de gaz naturel, dont l'Iran, la Russie, le Qatar, le Venezuela et l'Algérie. Sa naissance a été officiellement annoncée en 2008 à Moscou, au cours d'une rencontre très attendue. Les pays consommateurs de gaz craignent qu'une telle organisation ne permette d'influer sur les prix du gaz. Que de spéculations émanant de pays à la recherche de gaz bon marché ! L'idée d'une opep du gaz a surtout fait réagir les pays de l'Union européenne et fait des mécontents parmi les clients traditionnels de l'Algérie et de la Russie. Cependant, les inquiétudes européennes sont-elles légitimes, fondées ? Il est utile de noter que la Russie et l'Algérie sont, avec la Norvège, les principaux fournisseurs de gaz de l'Union européenne. La Norvège était de la réunion de Doha sus-cité. Et, contrairement à la Russie, elle ne semble cependant pas emballée par une organisation calquée sur le modèle de l'OPEP. Les Russes veulent, eux, négocier d'égal à égal sur le Vieux Continent. Et ils vont le faire savoir en termes clairs : la volonté de l'Europe de réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie «ne lui [Russie] fait pas peur. Moscou diversifiait les voies de livraison vers différents marchés, dont celui de la Chine. La Fédération de Russie détient près de trente pour cent des réserves connues de gaz et est de loin le premier producteur mondial avec 656 milliards de mètres cubes extraits en 2005. Les déclarations des officiels russes ont valeur de position. Elles reflètent des discussions difficiles avec l'Europe sur l'énergie et sonnent comme un coup de semonce. Des observateurs estiment que Moscou est en train de dire à l'Europe ceci : «Si nous n'arrivons pas à nous mettre d'accord, la Russie a d'autres solutions, même si cette idée est difficile à réaliser, le marché du gaz n'étant pas aussi flexible que celui du pétrole. Les contrats de fourniture de gaz courent souvent sur 10 ou 20 ans et restent très dépendants des gazoducs, la quantité de gaz liquéfié fournie par les bateaux étant minime. Y. S.