La nation arabe prend de plus en plus conscience des défis qui l'attendent et qui ont trait à différentes questions aussi bien politiques, économiques que culturelles et sociales. Au plan économique, les dossiers des nouvelles technologies de l'information, du commerce tout comme l'énergie et les ressources en eau sont de gros chantiers ouverts. Les experts tentent de travailler d'arrache-pied pour rattraper tout retard enregistré dans ces domaines sensibles. Sur le dernier dossier, les ressources en eau, un conseil arabe lui a été dédié pour traiter toutes les questions y afférentes, parce que l'eau peut être source de conflits, voire de guerres qui risquent d'éclater à l'avenir, selon les observateurs. La nation arabe est consciente, donc, des enjeux de l'eau et a pris cette problématique en main et mis en place cet instrument qui a pour charge de tracer une politique et une stratégie arabe communes en matière de gestion des ressources hydriques pour faire face à un éventuel stress dans ce domaine. 56% de l'eau dans le monde arabe proviennent d'autres régions Car non seulement 56% de ce liquide vital de beaucoup de pays arabes proviennent d'autres horizons, ce qui pourrait constituer une source de conflit ou encore de pénurie, la région est classée parmi celles qui connaissent de grands problèmes de sécheresse. Cela se répercute négativement sur le développement économique et social. Les 46% restants de l'eau de la région sont issus à 40% des nappes phréatiques et à 6% des eaux souterraines. Pis, la Palestine subit le pillage au quotidien avec tout ce que cela engendre comme risque sur la santé des populations. Le système de partage, instauré par certaines régions, parvient à satisfaire les besoins des populations et éviter de gros conflits qui peuvent s'avérer inutiles. Des coopérations entre pays voisins sont enregistrées, à l'exemple du fleuve du Nil, ou encore des eaux souterraine du nord du Sahara partagées entre l'Algérie, la Tunisie et la Libye, expérience d'ailleurs citée à l'occasion de la réunion des ministres arabes de l'Eau, tenue la semaine dernière, à Alger. Un accord peut intervenir prochainement entre la Jordanie et l'Arabie saoudite pour l'exploitation des eaux souterraines communes. Il faut savoir qu'actuellement, le ratio annuel en ressources hydriques du citoyen arabe est inférieur à 500 m3 dans pas moins de 70% des pays de la région. Eu égard à ces contraintes et à ce déficit hydrique, beaucoup de pays ont été contraints d'exploiter les eaux souterraines, et de dessaler l'eau de mer pour certains pays comme l'Algérie. Cette dernière a mis en œuvre un programme de 14 stations de dessalement dans ses villes côtières. Il faut retenir aussi qu'environ 5% des populations de la planète vivent dans la région arabe qui ne dispose, malheureusement, que de 1% des ressources hydriques potables mondiales. Environ 50 millions d'habitants n'arrivent pas à se procurer une eau potable sécurisée, tandis que 80 millions d'habitants arabes ont des difficultés liées à l'assainissement. Le dernier rapport du développement humain de 2006 a relevé qu'un retard sera accusé par les pays arabes concernant leurs objectifs à l'horizon 2015 relatifs à l'eau. Risque d'accentuation du stress hydrique à l'avenir Pis, les estimations du rapport du développement humain font état de la dégradation davantage de la situation à l'orée de 2025 puisque le nombre des habitants vivant sous le seuil de la pauvreté hydrique va s'accentuer en comparaison de 2005. Certaines régions enregistreront un ratio de 1 000 m3 par habitant par an, d'autres n'ouvriront droit qu'à quelques centaines de mètres cubes. Plus que cela, la situation risque de ne pas connaître d'amélioration en raison de la démographie galopante dans la région et des conditions climatiques peu reluisantes. Le nombre d'habitants qui était de 298,5 millions, augmentera pour atteindre 479,4 millions, en 2025, contre 656,4 millions en 2050. Toute cette situation entraînera une certaine pression sur ce liquide vital. Ajoutez à tout cela, le retard observé dans les stratégies de gestion des ressources en eau. Selon une évaluation établie en 2005, seulement 25% de ces pays ont fini de mettre en place leurs plans de gestion, contre 50% en voie de les achever. Les autres 25% de pays n'ont pas encore commencé cette action à cause de problèmes financiers et du manque de ressources humaines pour mener à bien ces stratégies selon les recommandations du sommet mondial du développement durable organisé en 2005. Eu égard à tous ces problèmes et difficultés, les pays arabes ont décidé de faire front commun pour aller de l'avant et réaliser les objectifs tracés dans ce domaine. La création du Conseil arabe de l'eau est une aubaine pour redresser la situation et mener la région à bon port. L'hydrodiplomatie et l'hydrocitoyenneté à la rescousse D'ailleurs, les experts, à leur tête Loïk Fauchon, président du Conseil mondial de l'eau (CME), a appelé les pays arabes à être un vecteur de propositions, voire de solutions concrètes à leurs problèmes de ressources hydriques. «Ne laissez pas les autres les prendre à votre place», a–t-il souligné à la réunion des ministres arabes de l'Eau. «Faites entendre la voix du monde arabe car c'est l'avenir de l'humanité qui est en jeu», a-t-il ajouté. Pour lui, Il est aujourd'hui nécessaire de valoriser l'hydrodiplomatie, dans l'objectif majeur d'éviter une guerre entre pays voisins. Le Conseil mondial de l'eau, par le biais de son président, se dit prêt à participer à toute action pour la résolution pacifique des conflits transfrontaliers de l'eau, notamment au Moyen-Orient. L'hydrocitoyenneté a été aussi évoquée par Loïk Fauchon qui dit qu'il faut y travailler en donnant la priorité à l'éducation dans le domaine de l'eau. «Les jeunes enfants, les adolescents doivent véhiculer les nouveaux comportements en matière de partage de l'eau», a-t-il précisé. Le président du CME a appelé aussi les pays arabes à adhérer à son organisation qui compte actuellement 80 pays et plus de 300 associations. Il a, également, annoncé la tenue du prochain Forum mondial de l'eau, en mars 2012 à Marseille (France), tout en invitant les dirigeants arabes à y participer. Cette participation démontrera toute la volonté de la nation arabe à se sortir de la crise de l'eau qui sévit dans beaucoup de ses régions. B. A.