La «Roja» a eu le dernier mot. Au cri de «Espanña campeones», les supporters espagnols ont célébré la victoire de leur équipe face à une «machine allemande» quelque peu déphasée en finale de l'Euro 2008. Pressante au départ, la Nationalmannschaft a vite fait de céder face au jeu espagnol. La rapidité dans l'exécution et dans le replacement, la conservation de la balle et l'intelligence dans le choix des transmissions ont déstabilisé une équipe allemande qui n'était pourtant pas mauvaise. Mais, après 44 ans de «poisse», depuis son dernier titre de champion d'Europe en 1964 à domicile face à l'ex-Union soviétique (2-1), la sélection espagnole a fait plus que remporter le tournoi. La presse du monde entier s'est accordée, hier, à louer l'art et la manière de la victoire. Une constance dans l'évolution sans dénaturer son style fluide et engagé, redonnant au football le caractère spectaculaire qui lui faisait défaut depuis quelque temps. D'ailleurs, la 13e édition de la Coupe d'Europe a été marquée par plusieurs faits marquants. D'abord, le style de jeu : plus rapide, plus de justesse dans les décisions et surtout plus offensif. «La vitesse de transition entre les phases d'attaque et le replacement défensif fut notable. Les équipes qui sont allées loin ont su gagner la balle, la garder et trouver la profondeur. Les contres ont été dévastateurs», furent les traits tactiques marquants de l'Euro 2008, tel qu'énumérés par Andy Roxburgh, le directeur technique de l'UEFA. Des formules qui exigent beaucoup d'efforts de la part des joueurs. A titre d'exemple, Xavi Hernandez a couru 11,446 km et Marcos Senna 10,036 km durant la finale. Ensuite, les surprises. Dans le football moderne, il n'y a plus de grandes équipes. La France, l'Italie et le Portugal, pourtant favoris, l'ont appris à leurs dépens. C'est la Turquie, la Russie et la Croatie qui ont surpris. Côté joueurs, c'est comme le dit une publicité pour des frites : c'est ceux qui en parlent le plus qui en mangent le moins. Les noms qu'on attendait n'ont pas été à la hauteur, ni Ronaldo le prodige portugais, ni Thierry Henry le Français, ni même l'Allemand Ballack n'ont été fidèles à leur réputation. C'est plutôt l'étoile russe Andrei Arshavin et les Espagnols Iker Casillas (le gardien de but), Carles Puyol, Fernado Torres, Xavi Hernandez et David Villa qui ont brillé. Les deux derniers ont été, respectivement, élus meilleur joueur et meilleur buteur de l'Euro 2008. Les joueurs espagnols sont cités ici en nombre car, selon un choix établi par l'UEFA pour désigner un groupe de 23 joueurs idéal pour l'Euro 2008, le noyau dur est constitué de 9 Sang et Or. Une consécration et une reconnaissance pour le talent vif. Et la cerise sur le gâteau, pour une «Celeccionne» en pleine fête 23 millions d'euros lui seront versés par l'UEFA. Un pécule mérité. Bravo l'Espagne ! S. A.