Dans un discours lu par son représentant personnel, Abdelaziz Belkhadem, à l'ouverture du 2e Festival culturel panafricain, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a affirmé que ce 2e Panaf est la traduction de la volonté politique de porter l'Afrique vers l'avant. «Ce festival, en effet, n'est pas seulement un événement festif de première grandeur, il est aussi la traduction de cette volonté politique de porter, dans une dynamique ambitieuse, notre continent vers l'avant, en faisant d'Alger le carrefour de toute la beauté et de toutes les richesses du continent». Le chef de l'Etat a rendu à cet effet un vibrant hommage à «tous les hommes de culture africains, tous les intellectuels combattants de la liberté», qui ont compris avant beaucoup d'autres, «les exigences de leurs sociétés et qui ont aussi, chacun dans la langue qui est la sienne, chacun avec les moyens qui lui sont propres, d'être à la hauteur de ces exigences». «Ils sont légion, les innombrables et fiers artistes, sculpteurs, musiciens, acteurs, peintres, bâtisseurs du beau et sacré, inventeurs de l'émouvant et de l'éternel», écrit-il. Par ailleurs, le président Bouteflika a relevé que «l'Afrique a trop longtemps couru le risque de s'abîmer dans une image qui lui est étrangère, un leurre dont elle était impuissante à corriger», estimant que «spoliée de son existence propre, [elle] n'attendait que l'instant de naître et de renaître sous toutes ses facettes, dont la profusion et le foisonnement soulignent la richesse». «Mais le colonisateur, en quête de justifications pour son entreprise spoliatrice, lui a dénié toute historicité». Ce même colonisateur «a plongé, dans l'uniformité, les hommes et les paysages, balayant d'un seul trait des cultures, des civilisations millénaires». L'Algérie va donc vibrer, durant deux semaines, au rythme de l'Afrique, continent qui «va rappeler au monde, par le verbe, le chant, l'image et le pinceau, les indicibles souffrances endurées par les peuples d'Afrique, la douleur du déracinement, de l'exil forcé, de l'humiliation et des injustices». Le continent africain va également rappeler au monde que «l'indépendance, arrachée au prix fort, n'a pas permis de réaliser toutes les espérances et que d'autres guerres doivent être menées contre la faim, l'ignorance, la maladie, la pauvreté, l'exclusion et les inégalités qui constituent le terreau fertile et le combustible de la violence et du terrorisme». «Elle va rappeler, avec le meilleur des antidotes contre la violence, la culture, que les peuples africains ont des racines profondément ancrées dans l'histoire de l'humanité», a affirmé le Président. «En ces moments de bonheur, en ce festin spirituel, en ce festival dédié à la culture du continent, je voudrais être un homme inspiré pour raconter l'Afrique retrouvée, dans l'intégrité de sa mémoire collective», dira le chef de l'Etat, ajoutant qu'il voudrait être le «messager pacifique et généreux» d'une «Afrique matrice de l'homme saluant l'humanité entière et rappelant éloquemment à tous que le premier vagissement humain sur terre était africain et s'était élevé vers le firmament de notre continent, aube naissante de l'humanité». M. Bouteflika rappellera que l'Afrique «a essaimé, en de multiples Afrique, à travers le monde, pour porter haut l'africanité, particulièrement dans l'adversité de la traite négrière et de la colonisation». Elle a réussi à «se redresser en entretenant une espérance à flanc d'abîme, malgré la terrible infamie marquée au fer de la traite négrière et de l'acculturation générée par la colonisation». Dans ces sombres moments d'adversité meurtrière, elle «n'a jamais accusé de déficit en beauté, illuminée qu'elle était par sa force psychique». «L'Afrique avait opté pour le beau dans la musique, la danse, le chant comme modes de résistance à l'oppression», a-t-il ajouté soulignant que le colonisateur connaissait l'importance de la culture. «Il connaissait et craignait à la fois la menace venue d'hommes sûrs de leur passé et de leur héritage». «Alger, fête de l'Afrique, de toutes les Afrique, réinvente la conscience de notre identité en même temps que notre ouverture à l'universel», a déclaré M. Bouteflika qui affirmera que l'Afrique, partie du monde, «doit aussi porter le monde en elle».