La Coupole du Complexe Mohamed Boudiaf a abrité avant-hier soir, le spectacle d'ouverture du 2e Festival culturel panafricain. Une fresque africaine, riche en sonorités, en couleurs, et à laquelle environ 350 artistes africains ont pris part. Après la lecture du discours du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, par le ministre d'Etat et représentant personnel du président, Abdelaziz Belkhadem et suite à l'intervention du président de la Commission de l'Union africaine, le Gabonais Jean Ping, le chorégraphe d'origine algérienne et de renommée internationale, Kamel Ouali, a proposé aux présents et aux téléspectateurs (puisque la cérémonie a été retransmise en direct sur les trois chaînes de l'ENTV), un spectacle -d'une heure et demie- grandiose, où il a raconté en danse et en musique, l'histoire de l'Afrique qui s'articule autour de trois axes majeurs : l'esclavage et la colonisation, les conflits internes et l'aspiration à la modernité. Le spectacle s'ouvre par l'entrée sur scène d'un vieillard-vêtu en carte d'Afrique- et accompagné d'un petit garçon. Ce n'est pas le personnage mythologique Tirésias mais un conteur qui vient raconter l'histoire du continent et de ses conquêtes. C'est ensuite un cortège impressionnant de cavaliers vêtus en costumes traditionnels algériens qui envahissent la scène, et installent les spectateurs dans la thématique de la colonisation. Soudain, des guerriers africains, symbolisant les différentes ethnies et tribus africaines, font leur apparition sur une autre scène, croisant ainsi deux phénomènes récurrents en Afrique : la colonisation et les luttes internes. Le tamtam est strident et intense, puis baisse et disparaît pour le son mélancolique du violon. Dans une somptueuse robe blanche, Isabelle Adjani apparaît sur scène et déclame un extrait de Les Damnés de la terre de Frantz Fanon. Sur un ton grave et avec beaucoup d'émotion, Isabelle Adjani récite les mots de Fanon, sur l'Indigène et ses malheurs : “La première chose que l'indigène apprend, c'est à rester à sa place, à ne pas dépasser les limites ; c'est pourquoi les rêves de l'indigène sont des rêves musculaires, des rêves d'action, des rêves agressifs.” Un jeune homme en situation de handicap a réalisé avec brio une chorégraphie symbolisant la situation du colonisé. Des images défilent sur l'écran derrière la scène, et le tamtam revient, encore plus fort. Les lumières s'éteignent, le silence s'installe et deux danseurs de claquettes apparaissent pour exécuter avec brio quelques pas de danse. Le spectateur n'est plus en Afrique, il est entre autres aux Etats-Unis d'Amérique. Il s'agit donc de la diaspora africaine. Vêtus à la mode du siècle dernier, les danseurs évoluent autour d'un manège, et se déhanchent sur les airs entraînant du charleston ou encore du jazz. Cette partie du spectacle a été traversée par un hommage au défunt roi de la pop', Michael Jackson, à travers la chanson “Don't blame it on the sunshine” des Jackson 5. L'objectif à travers ce majestueux tableau, était de représenter les différents mouvements musicaux des noirs en Amérique et leur apport considérable au monde de la musique.Retour en Afrique avec le tamtam, la prestation des trapézistes et des cracheurs de feu, sur un fond musical entre le moderne et le traditionnel. Après cela, les stars se succèdent. Escortée par cinq danseurs, Warda El Djazaïria interprètera “Ini ya lili min dal gharam” et durant sa prestation, deux silhouettes apparaissent en ombres chinoises…des Peuls sans doute compte tenu de leur physionomie. De son côté, la Capverdienne Césaria Evora qui s'est illustrée par sa retenue et sa sobriété. Vint ensuite le tour de Youssou N'dour qui a enflammé la salle par sa chanson “Wake up Africa”. Myriam Makéba qui chantait en 1969, “Ana Hora fi el Djazaïr”, et qui souhaitait réellement prendre part à ce 2e Panaf', a été emportés par la mort à la fin de l'année dernière, n'a pas été oubliée dans cette ouverture officielle, puisque sa chanson “Pata pata” a été reprise par une jeune chanteuse. Accompagnée d'une excellente danseuse orientale, Warda El Djazaïria est remontée sur scène et a interprété son succès “Haramt Ahebak”. Quant au dernier tableau du spectacle, il s'est articulé autour d'un défilé de mode, d'un défilé de plusieurs tribus africaines, de prestations de danse, sur les airs du grand succès “Alaoui” de Larbi Dida. Ce dernier a joué aux percussions et interprété cette chanson avec une petite fille. Le 2e Festival culturel panafricain est donc officiellement ouvert. Placé sous le signe de la “Renaissance africaine”, ce 2e Panaf' inscrit ses activités et ses aspirations dans l'Afrique d'Aujourd'hui qui doit composer avec un lourd passé, une envie de modernité, largement visible dans le spectacle de Kamel Ouali qui a regardé l'Afrique avec gravité et légèreté. Sara Kharfi