Un général français, entendu par la justice, a affirmé que le massacre des moines de Tibhirine, en 1996, était une «bavure» de l'armée algérienne, a indiqué hier une source proche du dossier. Attaché militaire de l'ambassade de France à Alger à l'époque des faits, le général François Buchwalter, aujourd'hui à la retraite, avait recueilli les confidences d'un ancien militaire algérien, dont le frère avait participé à l'attaque, a-t-on précisé de même source, confirmant une information parue dans plusieurs médias français. «Les hélicoptères de l'armée algérienne ont survolé le bivouac d'un groupe armé et ont tiré ; s'apercevant par la suite qu'ils avaient non seulement touché des membres d'un groupe armé mais des moines», a expliqué cette source, rapportant les propos du général Buchwalter, entendu le 25 juin par le juge antiterroriste Marc Trevidic. Le général Buchwalter «a appris les faits quelques jours après les obsèques» des moines et «a écrit des rapports au chef d'état-major français des armées et à l'ambassadeur qui sont restés sans suite», a-t-on précisé de même source. Interrogé à l'issue d'un sommet franco-britannique, Sarkozy a estimé qu'«il y a un juge d'instruction en charge de ce dossier, la justice est saisie. Les déclarations de ce témoin ont été faites devant un juge. Laissons la justice faire son travail». «Que puis-je dire maintenant, si ce n'est compliquer le travail de la justice ? Et on verra à l'issue de cette instruction ce qu'il en sera. Que la justice fasse son travail, aille jusqu'au bout de son travail, je n'ai pas d'autres commentaires à faire», a conclu le chef de l'Etat français, soulignant qu'il s'agissait d'un «drame qui (l)'avait bouleversé» et qu'il s'était lui-même rendu sur les lieux du drame. Manifestement, le qui tue qui a la peau dure en France. Le général en retraite semble avoir retrouvé la mémoire après tant d'années pour saisir la justice française sur le massacre des moines de Tibhirine, en citant l'ours qui a vu l'ours. Ainsi donc, les moines ont été tués par erreur par des tirs d'hélicoptère en plein nuit. Un hélicoptère qui survolait les montagnes de l'Atlas blidéen et qui a aperçu un feu de camp avant de les anéantir au même moment qu'un groupe du GIA. En premier lieu, les terroristes du GIA n'auraient pas été aussi dupes au point de ne pas entendre les vrombissements de l'hélicoptère et de rester sur place autour d'un feu qui les aurait démasqués. En deuxième lieu, les tirs d'un hélicoptère n'ont pas cette précision chirurgicale qui épargne les visages et les têtes des moines que l'opinion publique nationale et internationale a vues après leur découverte près de Médéa. Enfin, les services secrets de tous les pays ont le devoir d'infiltrer les groupes terroristes dans la mesure du possible pour, sinon les anéantir, du moins en limiter les effets néfastes. Autrement, sur quoi reposent les défenseurs de la thèse du qui tue qui si ce n'est sur des «révélations» de transfuges de l'ANP qui ont prouvé leur mauvaise foi qu'il s'agisse de Teguia devenu voleur à Bangkok et dont le témoignage n'a été connu qu'en 2002, ou Samraoui, principal témoin dans l'affaire de Hassein, qui s'est rétracté. Enfin, le témoignage de Benhadjar ne peut être pris au sérieux, car quand il l'avait fait, il était dans les maquis et avait tout intérêt à semer la zizanie entre les services secrets algériens et français. Quand à sa déduction sur le degré d'infiltration du GIA par les services secrets algériens, il s'agit en fait d'une appréciation personnelle d'autant qu'il était en désaccord avec la direction du GIA qu'il allait quitter quelque temps après pour créer la LIDD. Mais, au-delà de ces considérations, qui a intérêt aujourd'hui à miner les relations algéro-françaises et dans ce contexte précis ? A. G.