Le théâtre de verdure du bois des Arcades de Riadh El Feth vibre depuis mercredi soir dernier aux rythmes des sonorités gnawies. C'est le Festival africain de diwan qui bat son plein. Et après une première soirée avec des artistes de Béchar et du Burkina Faso, la seconde soirée a été relevée par une des voix les plus captivantes de la chanson algérienne. Samira Brahmia, l'artiste qui sait mêler avec une extrême habileté les genres et les tendances. Dès 21h, les passionnés de gnaoua étaient là. Pas assez nombreux pour remplir le théâtre mais assez pour encourager le groupe Nora Gnaoua de Béchar, 2ème lauréat du Festival national de la musique gnaouie 2009 en première partie. Une heure de gnaoua avant de pouvoir apprécier la star de la soirée, Samira Brahmia, la musicienne installée en France mais qui ne manque pas de garder ses liens intacts avec le public algérien. Avec la simplicité et surtout le naturel qu'on lui connaît, Samira, guitare en main, s'est tout de suite emparé de la scène. Une entrée tout en douceur. D'une voix posée et vibrante pour interpréter le premier morceau en anglais. Puis, avec un des morceaux les plus entraînants, La Illah Illa Allah… accompagné seulement d'un percussionniste, le ton est donné pour une soirée musicale hautement épurée. Avec le troisième morceau, un des préférés du public, Breakfast with a stranger, l'ambiance monte et le public s'enthousiasme davantage. Samira sait lui parler et sait aussi le faire voyager en changeant de registre et de langue à chaque chanson. Après quoi, Samira a interprété une chanson alliant dérision et dédiée à toutes «celles qui ont souffert de la décennie noire», le Fabuleux Destin qui raconte le parcours d'une jeune fille mariée de force. Après cette petite note de tristesse, la chanteuse à la voix cristalline invite un artiste malien à la rejoindre sur scène. Bassikou Yaté avec qui elle a été en résidence. Ensemble, ils interpréteront des chants aux sonorités africaines confirmées. Ils seront rejoints par la suite par la troupe de Béchar, Nora Gnaoua et tous interpréteront le fameux titre de Samira Jedoudna qui sera repris en chœur par le public. Elle finira par reprendre une chanson de Youcef Boukella, Gnaoua que le public savourera sans conteste. Des textes vrais, directs, parfois romantiques et d'autres fois incisifs sur des musiques éclectiques alliant effets rock, chaabi, sonorités africaines et pop. C'est avec du rock bien algérien qu'elle a captivé son public. Une touche d'algérianité qu'elle mêle à des sonorités venant de toute part. Avec de la derdja pure et dure à laquelle l'auditoire se laisse toujours prendre. Sur scène, Samira se dévoile et vit sa musique avec une générosité époustouflante. De la classe et de la retenue malgré sa spontanéité débordante. Elle réussit à transmettre du pur plaisir et tout plein d'émotions à ceux qui l'écoutent, certainement parce qu'elle en ressent beaucoup… A écouter et réécouter… F. B.