Un protocole d'accord pour la réalisation d'un mégaprojet d'une valeur de 400 milliards d'euros, composé d'un réseau de centrales solaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient pour alimenter l'Europe en énergie «propre» a été signé hier à Munich par 12 entreprises, dont la majorité est allemande. Les sociétés signataires qui vont créer ainsi un bureau d'études qui doit élaborer des plans d'investissement réalisables au cours des trois prochaines années, sont les géants allemands de l'énergie EON et RWE, le réassureur Munich Re, la Deutsche Bank, le groupe algérien Cevital, ainsi que des fabricants de solaire espagnols, et la fondation porteuse de ce projet, nommée Desertec. Les promoteurs de Désertec ambitionnent de couvrir à terme 15% des besoins énergétiques de l'Europe et «une part considérable» de ceux des pays producteurs, de réduire la production de CO2, mais aussi de dessaler l'eau de mer pour fournir de l'eau potable aux populations locales. Ce projet «pharaonique», consiste en la réalisation d'un ensemble de centrales thermiques solaires implantées du Maroc jusqu'à l'Arabie saoudite et qui serait relié à l'Europe via des câbles électriques sous-marins. Cependant, les lieux d'implantation de ces installations, leur date de mise en service, le coût du courant produit, le bénéfice qu'en tireront les pays africains et arabes concernés, mais aussi le financement du projet, n'ont pas été clarifiés jusqu'ici. A ce propos, les promoteurs de Desertec expliquent que c'est au bureau d'études d'y répondre, en faisant valoir la viabilité du projet qui fait l'objet depuis plusieurs semaines d'une importante campagne médiatique. Si Désertec ne devait voir le jour qu'à l'horizon 2050 (même si des installations devraient être construites avant), il aura besoin du soutien des politiques. La chancelière allemande Angela Merkel et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso ont déjà salué l'initiative, mais le projet n'échappe pas aux critiques. Pour le député social-démocrate allemand Hermann Scheer, pas besoin d'aller en Afrique pour fournir de l'énergie propre à l'Europe. «Nous pourrions investir les 400 milliards d'euros ici», a-t-il dit, défendant l'idée d'un réseau décentralisé d'opérateurs dans les énergies vertes, plutôt que de le laisser aux mains d'un monopole de grandes entreprises. APS