Ils sont onze. Onze écrivains africains réunis dans un hôtel d'Alger pour une résidence d'écriture organisée dans le cadre de la deuxième édition du Festival culturel panafricain d'Alger (5-20 juillet). Une première en Algérie. La résidence devrait aboutir à la publication d'un recueil de nouvelles portant sur Alger et le Panaf 2009. Gabriel Okoundji (Congo), Anouar Benmalek (Algérie), Hamid Skif, Tanella Boni (Côte d'Ivoire), Eugène Ebodé (Cameroun), Alain Mabanckou (Congo), Sami Tchak (Togo), Yahia Belaskri (Algérie) ont été rejoints quelques jours après par les auteurs algériens Kébir Ammi et Rachid Boudjedra, ainsi que l'écrivain haïtien Louis-Philippe Dalembert. «C'est une première en Algérie que celle de rassembler des écrivains africains, dont la plupart évoluent et travaillent en dehors de l'Afrique. L'intérêt est de mettre en connexion ces écrivains, lesquels, souvent, ne se voient pas», a expliqué l'un des responsables de la résidence, Karim Cheikh, codirecteur des éditions Apic. «En fait, c'est comme un jeu de cartes, et cette résidence constitue une nouvelle donne, une renaissance de l'Afrique. Il n'y a pas de thèmes particuliers pour cette résidence, les écrivains sont libres de choisir le chemin qu'ils veulent», a-t-il indiqué lors d'une rencontre organisée à la librairie Chihab. «L'objectif de cette résidence est d'aller au-delà de l'événement [Panaf] et de faire de cette résidence d'écriture un événement annuel par exemple», a-t-il souligné. Parlant de leur parcours, leur métier, leur aventure littéraire, les onze écrivains nous ont fait part, sans aucun détour, de leur désir de représenter «l'antithèse de la thèse qui réduit l'Afrique à la somme de tous ses échecs». Même si l'écrivain camerounais Eugène Ebodé croit savoir qu'il est impossible d'écrire «sans avoir conscience des tragédies du pays», la littérature devra, à son sens, lancer continuellement «des passerelles entre le sublime et le subi». Revendiquant tous leur seule identité d'être Africains, plusieurs d'entre eux ont soutenu qu'il est aujourd'hui essentiel de convoquer les Lettres «pour continuer à respirer». «Nous les écrivains, nous empruntons ce que les grands ont déjà balisé», dira à ce propos le Congolais Alain Mabanckou dont les livres, Verre Cassé et Black Bazar affolent les librairies. Voulant transmettre l'humanisme et la générosité dans toutes les œuvres, nos onze écrivains ont convenu également que la littérature, souligne Anouar Benmalek, doit porter aussi sur la violence des rapports sociaux, une thématique fortement présente dans son dernier livre Rapt dont la sortie est prévue pour le mois d'août prochain. Seul écrivain vivant et écrivant en Afrique, Ibrahima Aya, de Tombouctou au Mali, s'assigne quant à lui le rôle de passeur de livres auprès des lecteurs africains. Passeur de mots, d'images, de sentiments et d'émotions, n'est-ce pas là finalement la fonction même de l'écrivain ? Beaucoup diront oui. En tout cas, les palabres avec les écrivains africains ne cesseront jamais de passionner les amoureux des Lettres.