Les planches du Théâtre national algérien Mahieddine Bachetarzi ont accueilli, jeudi dernier, dans le cadre du Festival international de théâtre d'Alger, entrant cette année dans le programme des manifestations du 2ème Festival panafricain 2009 (Panaf) la troupe théâtrale malienne «Duga» qui présentait la pièce intitulée la Fin d'un serment mise en scène par Ousmane Sow d'après le texte du regretté Sada Sissoko et produite par le palais de la culture du Mali. L'esprit de vengeance et le dilemme de passer à cet acte, quitte à rompre un sermon sacralisé par le sang, sont la thématique centrale de la pièce. En filigrane, les régimes totalitaires et leurs funestes conséquences sont également mis sur le devant de la scène. La troupe «Duga», de l'association culturelle «Acte sept» a été créée par des dramaturges maliens qui, après de nombreuses réflexions, ont souligné l'importance de fonder une troupe professionnelle composée de comédiens confirmés et expérimentés. L'objectif de la troupe est de promouvoir un théâtre de qualité basé sur la recherche, afin de pallier la facilité dans laquelle beaucoup de troupes maliennes sont tombées, confondant 4ème art et succession de sketchscomiques. Après avoir relevé le défi de la reconquête du public malien, l'association organise depuis quelques années le Festival du «Théâtre des réalités» qui a pour objectif de proposer et de consolider une approche rénovatrice du théâtre malien en particulier et africain en général. Présente au Panaf, avec la Fin d'un serment, la troupe malienne présente l'histoire du destin tragique de deux cousins fortement liés, issus de familles de haut niveau social et politique, Donèkè et Fakoli, qui deviennent frères après avoir scellé un pacte de sang. Après quatorze ans de formation commune à l'étranger, les deux amis s'apprêtent à rejoindre leur terre natale auprès de leurs familles respectives. Mais, juste avant leur départ, ils apprennent la mort du père de Fakoli. Malgré la tyrannie de son père sur le royaume qu'il gouvernait, et dont il critiqué les méthodes autoritaires, Fakoli aveuglé par la soif de vengeance décide de poursuivre l'assassin de son père et de le tuer. Son ami et frère Donékè le soutient dans sa démarche. Mais les amis font face à une cruelle réalité. Car l'assassin du père de Fakoli est en vérité le propre père de Donékè. Face à ce dilemme, Fakoli est pris d'hésitation car, plus qu'un simple crime de famille, l'assassinat du roi tyran est un crime politique pour libérer les sujets du royaume d'une dictature qui faisait régner l'injustice et la terreur. Soutenus par des courtisans opportunistes, le roi dictateur avait, de son vivant, exilé son frère qui ne cessait de dénoncer les exactions commises contre la population. Les mêmes courtisans mettent la pression sur le nouveau roi, en l'occurrence Fakoli, pour qu'il extermine toute la famille de l'assassin de son père, et de facto condamne à mort la seule famille qui lui reste. Ainsi, Donèké, son père et sa mère, traduits devant la justice royale, seront condamnés à l'ultime sentence prononcée par Fakoli qui validera la mort de la seule famille qui lui reste car il faut «payer le sang par le sang.» Il est à signaler l'importance de la musique traditionnelle et de la maîtrise de la lumière que le metteur en scène a utilisées comme des éléments esthétiques servant une meilleure compréhension de la pièce portée par le jeu talentueux des comédiens. A travers celle-ci, la troupe malienne a voulu lever le voile et dénoncer le phénomène de l'esprit de vengeance qui gangrène plusieurs pays africains, où le sang n'arrête pas de couler à cause de la chaîne infernale de la vendetta. Le message se veut aussi un message de réconciliation pour insuffler l'esprit de pardon pour que la paix règne en Afrique. S. A.