La salle a enregistré dimanche soir un grand nombre de spectateurs. Contrairement aux soirées précédentes, le public s'est caractérisé par une grande énergie et de l'enthousiasme. Il était constitué essentiellement de jeunes fans, qui ont mis le feu à l'auditorium. Les quatre musiciens de la formation constantinoise de jazz Madar étaient les premiers à monter sur scène. Le quatuor possède une énorme notoriété chez les jeunes et cela se remarque dès leur arrivée. Après s'être emparés des places stratégiques, les inconditionnels commencent à encourager leurs idoles. Sous les applaudissements, Aminoss, le guitariste et leader du groupe, entame le premier morceau. Le violon, pièce maîtresse du groupe, subjugue avec ses notes envoûtantes et le jeu corsé de Kheireddine M'Kachiche. Ils enchaînent avec un titre composé par un groupe burkinabé. L'influence africaine est visible et on peut facilement détecter les changements de rythme qui varie du jazz à l'oriental tout en passant par quelques influences afros. Madar marque une pause, occasion saisie par Aminoss pour s'adresser à son public. Il parlera de leurs débuts, de leurs rencontres et de leurs répertoires, et c'est sans surprise puisque la majorité les connaît par cœur. Sous les notes de basse de Nadjib Gamoura, le quatuor redémarre en trombe avec un son plus agressif et une touche rock confirmée. Les jeunes en redemandent et leur souhait est exaucé. Les titres se suivent mais ils donnent l'impression de se ressembler : «Tous les titres sont identiques», dira une jeune spectatrice, impatiente de passer au plat de résistance, Karim Ziad, attendu pour la seconde partie de la soirée. Madar enchaîne, il jouera Entre Algérie, El herda ou «catastrophe», Ce que veut le vent du nord. À propos de ce dernier titre, Aminoss nous racontera une anecdote : «J'ai travaillé ce morceau avec un compositeur belge, et ce morceau s'intitule Ce que veut le vent du sud. Mais, pour me l'approprier, j'ai mis le nord.» Par ailleurs, malgré leur jeune âge et leur succès les artistes gardent toujours la tête froide «artistiquement» ainsi qu'une envie de se perfectionner. Déjà repéré par la direction de l'unique Festival international de jazz qui est le Dimajazz, Madar ne se contente pas seulement de faire du jazz, allant même jusqu'à tenter de nouvelles sonorités et d'autres styles, d'où leur succès. Leur passage prendra fin après presque 3 heures de show pour laisser la place au chouchou des jeunes Algériens : Karim Ziad. En compagnie de sa formation, Ifrikya, et du bassiste Michel Alibou, il fera exploser l'audimat. Karim, très l'aise derrière ses grosses caisses, nous gâte avec un drum solo… sa signature.La soirée prendra fin vers minuit. Le public a été conquis par la prestation des deux groupes. Espérons que la direction de l'auditorium de la radio ne perde pas cette bonne habitude car nombre de gens sont devenus des fidèles. W. S.