Photo : Sahel Par Faouzia Ababsa Trois questions ont marqué l'intervention de Louisa Hanoune hier au siège du PT. C'était à l'occasion de la réunion des responsables de sections de la wilaya d'Alger. D'abord le festival panafricain. La secrétaire générale du Parti des travailleurs a fait un véritable plaidoyer pour cette manifestation, estimant qu'il traduit la sortie progressive du pays de la crise. Elle a fait l'éloge des artistes, toutes disciplines confondues. «Ils ont fait montre de leur créativité. Une créativité à encourager», dira-t-elle. Mme Hanoune profitera de l'occasion pour répondre à ceux qui ont dénigré le festival et affirmé que l'argent dépensé aurait pu servir à la construction de 25 000 logements. «Le Panaf n'a pas été un perte d'argent. Il a permis, outre la découverte d'autres cultures, aux familles algériennes qui ne peuvent pas se permettre des vacances, de sortir et de s'amuser. Ceux qui tiennent de tels propos sont des obscurantistes», affirme-t-elle encore non sans préciser que les Algériens sont des êtres humains et ils ont droit à la culture, à l'histoire. «Nous ne sommes pas des animaux !» Louisa Hanoune a émis le vœu que les festivités ou spectacles ne s'arrêtent pas avec la fin du Panaf. «Il faut qu'il y ait d'autres activités, il faut relancer la culture.» Elle informera l'assistance que le PT continuera de revendiquer l'augmentation du budget de ce secteur. L'oratrice rappellera qu'un ex-ministre des Finances avait complètement supprimé le budget et s'en est allé même jusqu'à vouloir vendre les vestiges de Djemila aux étrangers. Il aurait réussi n'eut été la résistance qu'il a affrontée, y compris au niveau des différentes institutions de l'Etat. Mme Hanoune ne clôturera pas ce volet sans appeler à l'instauration d'un véritable statut pour les artistes algériens. Lesquels dira-t-elle, n'ont aucune protection et pour certains vivent dans la panade. «Il n'est pas normal que ce soit le président de la République ou le ministre de la Culture qui interviennent pour faire évacuer un artiste malade. Il faut un statut qui prémunisse les artistes des aléas.» Le deuxième sujet évoqué par la secrétaire générale du Parti des travailleurs lors de son intervention est la dissolution de l'APN et la convocation d'élections législatives anticipées. Elle demandera à ses camarades présents d'accélérer la cadence pour poursuivre la collecte de signatures, en plus des 50 000 déjà récoltées. Le PT revient donc à la charge à travers la revendication de la dissolution de la chambre basse du Parlement. Sa secrétaire général a précisé que la lettre qu'elle a adressée au président de la République à ce sujet englobe et les élections législatives anticipées et la revendication pour une réforme politique profonde. Qui vise la démocratisation de l'ensemble des institutions de l'Etat. «Notre revendication n'a rien à voir avec les députés qui ont trahi leur honneur pour de l'argent.» L'intervenante a estimé que les conditions sont aujourd'hui réunies pour ces élections. Et Mme Hanoune de rappeler les précédentes expériences. «A chaque fois qu'il y a eu révision constitutionnelle, elle a été suivie par des élections législatives», en allusion aux révisions de 1989 et 1996. Pour en revenir à la réforme, Mme Hanoune dira que son parti la voudrait séparant réellement les différents pouvoirs, l'indépendance véritable de la justice, la révision de la loi électorale. Tout cela dans le but, entre autres, de bannir le nomadisme politique qui n'a émergé que pendant cette législature. «Aucune autre n'a connu ce genre de pratiques, même pas le CNT, dont les membres pourtant ne représentaient que leur propre personne. Et l'oratrice d'ajouter : «Aucune loi ni règlement n'autorisent le nomadisme politique». Pour la secrétaire générale du Parti des travailleurs, cette APN a été envahie par l'argent et le monde des affaires. «Et l'argent, c'est le pouvoir, c'est pouvoir influer sur les décisions du gouvernement». A propos de la prochaine révision constitutionnelle, elle dira que la voie référendaire n'est pas la mieux indiquée. En ce sens qu'un référendum concerne une seule et unique question d'intérêt national et sur laquelle on demande au peuple de se prononcer par «oui» ou par «non». «Il faut un vrai débat sur la révision de la Constitution», dira-t-elle. Comme celui qui a été instauré après les événements d'octobre 1988. Une époque où s'est enclenché une dynamique de la société civile avec tout ce que cela comporte comme syndicats, mouvements de femmes, d'associations, etc. C'est cette même dynamique que voudrait revoir la SG du PT, à travers l'organisation de débats sur toutes les questions et au sein de la société. «Il faut nous réapproprier ces espaces politiques». Enfin, le troisième volet et qui n'a pas laissé l'oratrice de marbre, c'est celui concernant la promotion des droits politiques des femmes. Mme Hanoune s'insurgera contre la commission installée par le garde des Sceaux qui a élaboré un avant-projet de loi où elle définit un quota de 30% aux femmes dans toutes les assemblées élues. «La préoccupation était certes de bonne foi, mais arriver à ce résultat relève de la discrimination. Cela veut dire qu'il n'y a pas de volonté de lever les obstacles auxquels sont confrontées les femmes». La responsable du parti n'a vraiment pas été de main morte : «La commission veut marcher sur les cadavres des femmes.» Pour elle, ce sont les compétences qui seront marginalisée à travers cette disposition au profit du clientélisme. «Ce seront des courtisanes», lancera-t-elle. Elle s'élèvera également contre tous ceux qui disent que le peuple algérien est sous-développé. «C'est faux !». Elle donnera des exemples de femmes qui ont réussi et ont été promues pour leur compétence. «Personne ne leur a fait de cadeau».