Depuis quelque temps, la panique s'est emparée des baigneurs. Et pour cause, une vague d'intoxications a été constatée au niveau de plusieurs plages du pays. Plusieurs cas de baigneurs victimes de fièvre, de vomissements, de troubles respiratoires… ont été rapportés au niveau de certaines plages à Alger et dans d'autres wilayas. L'absence d'informations à ce sujet a ouvert la voie à toutes sortes de spéculations à tel point que les estivants ne savent plus à quel saint se vouer. Les pouvoirs publics semblent enfin réagir. Nous avons appris hier que le ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme avait mis en place une commission pluridisciplinaire composée d'experts et de représentants des différentes structures, à savoir l'Agence nationale de protection du littoral, l'Observatoire national de l'environnement et du développement durable, le Commissariat du littoral ainsi que des laboratoires chargés de l'analyse bactériologique de l'eau. Les responsables de ces structures se sont déplacés à Oran pour évaluer la situation. Les résultats des premiers prélèvements de l'eau de mer ont écarté l'hypothèse d'une pollution marine. Selon l'Agence nationale de protection du littoral, «les intoxications enregistrés au niveau des plages sont dues à une algue toxique, appelée Ostreopsis Ovata, qui est une algue microscopique unicellulaire, invisible à l'œil nu. Cette algue marine est susceptible de provoquer des irritations cutanées, de la fièvre et une gêne respiratoire… Établie dans les eaux chaudes des tropiques il y a encore quelques années, l'Ostreopsis Ovata a fait son apparition en Méditerranée dans les années 1990. Le réchauffement climatique a favorisé son développement mais il n'y a pas assez de données pour savoir si son développement est lié à la pollution».En juillet 2005, la présence de cette algue microscopique a été signalée à plusieurs reprises sur les côtes génoises en Italie, causant l'intoxication de près de 200 personnes et conduisant à une vingtaine d'hospitalisations. Ces personnes n'avaient pas forcément été en contact direct avec l'eau, l'inhalation de gouttelettes transportées par le vent avait suffit pour que les symptômes se manifestent. D'autres cas ont été constatés en France, en juillet 2006 à Marseille, où plusieurs plongeurs ont présenté des irritations des lèvres et de la bouche. L'Ostreopsis demeure méconnue des scientifiques. Toutefois, «elle n'est en aucun cas mortel et les risques sont au maximum équivalents à ceux d'une piqûre de méduse», rassurent les experts. Mais elle peut provoquer de nombreux désagréments collectifs pouvant aller jusqu'à l'hospitalisation. Différents symptômes sont constatés selon les cas : conjonctivites, pharyngite, vomissements, manifestations de type grippal, céphalées, nausées, rhume, fièvre, troubles respiratoires ou réactions cutanées. Des symptômes plus ou moins graves, qui semblent dépendre de la concentration de l'algue dans l'eau. La contamination se fait par contact ou inhalation des embruns (aérosols marins chargés en phycotoxines), et par la consommation des produits de la pêche contaminés. Nous avons tenté à plusieurs reprises hier de contacter le ministère de la Santé, l'Institut Pasteur d'Algérie, ainsi que les autres services concernés, en vain. A. B.