Photo : S. zoheir Par Smaïl Boughazi L'événement ayant attiré tous les regards la semaine dernière était sans conteste le changement du week-end de repos hebdomadaire. Le Conseil des ministres, qui s'est tenu mardi dernier, a décidé, outre la question du week-end, de passer à la vitesse grand V s'agissant d'un certain nombre de dossiers économiques. Certes, le changement du repos hebdomadaire a éclipsé d'autres mesures aussi lourdes que la première et c'est le cas, à titre d'exemple, du traitement réservé au dossier PME pour lequel le programme présidentiel prévoit la création de pas moins de 200 000 petites et moyennes entreprises. Beaucoup a été dit sur les PME algériennes mais l'essentiel reste toujours cet appui vital qu'attendaient les jeunes entrepreneurs. Face aux multiples contraintes qu'ils rencontraient -faible capacité managériale, besoin de mise à niveau, indisponibilité du foncier, problèmes d'accès au financement- ils ont généralement fini par baisser les bras et mettre la clé sous le paillasson, mais nous n'en sommes pas encore là. La loi de finances complémentaire 2009 prévoit un chapelet de mesures qui ne devrait pas passer inaperçu d'autant que ce secteur en a besoin réellement. Quelle est la place des PME dans l'économie algérienne ? Selon les chiffres officiels, elles représentent 94% du tissu national des entreprises, emploient 56% de la population active et contribuent dans une proportion de 35% à la valeur ajoutée. Les PME sont concentrées dans les activités de services (pour 46%) et du bâtiment et des travaux publics (pour 34%).C'est déjà un acquis mais les experts demeurent sceptiques. Du travail reste à accomplir s'accordent-ils à dire. Des mesures pour faciliter l'accès au crédit Sachant que les PME sont considérées comme une opportunité inouïe pour l'absorption du chômage, le gouvernement compte miser beaucoup sur cela. Il suffit de jeter un coup d'œil au communiqué du Conseil des ministres pour s'en rendre compte. Cinq mesures phares ont été instituées, selon le communiqué du Conseil des ministres. Et il convient de les énumérer. Il est fait état de l'augmentation du niveau garanti des crédits aux petites et moyennes entreprises dont le plafond passera à 250 millions de dinars. En outre, la caisse de garantie des crédits aux PME sera désormais chargée des projets d'un montant situé entre 51 et 250 millions de dinars, alors que le Fonds de garantie (FGAR) sera dédié aux projets d'un montant allant de 1 à 50 millions de dinars. La garantie de l'Etat sera enfin accordée à ces deux mécanismes qui devront également ouvrir des représentations régionales pour se rapprocher de la clientèle. La deuxième mesure a trait à l'amélioration du traitement des dossiers de crédits aux petites et moyennes entreprises par les banques, grâce à l'augmentation du réseau des agences, à l'ouverture de guichets spécifiques et à la normalisation des délais d'étude dans le respect des normes légales. La question des crédits bénéficiera aussi d'une autre mesure qui consiste en la création par toutes les banques publiques de filiales chargées du capital investissement et du leasing. Celles-ci seront dotées de ressources publiques pour intervenir sur la base d'une convention, fixant la stratégie et les objectifs d'investissement. Au menu également une assistance qui sera assurée par les banques, qui créeront au niveau des wilayas, des entités d'assistance aux projets des PME, en matière d'études et de conseil. Les banques auront aussi à leur charge l'organisation d'une vulgarisation des nombreuses dispositions nationales existantes en faveur de la promotion des petites et moyennes entreprises. On prévoit dans le même registre de mettre au point des dispositions de nature à permettre aux banques de constituer et de réaliser les garanties prises, de se doter d'une société interbancaire de gestion des actifs saisis et d'instituer une société commune de recouvrement des créances. Et en vue de sécuriser davantage le crédit aux entreprises, de nouvelles dispositions légales seront bientôt instituées pour réévaluer le capital minimum requis à la création de PME et encourager les entreprises souhaitant accéder à un financement bancaire plus conséquent à s'organiser en sociétés par actions, indique la même source. D'autres mesures favorisant la création de l'emploi et l'émergence des PME ont été également décidées dans la LFC. Il s'agit brièvement de l'augmentation de la part des intérêts pris en charge par l'Etat sur les crédits bancaires destinés au financement des micro-entreprises, part pouvant aller jusqu'à plus de 80% dans les wilayas des Hauts Plateaux et plus de 90% dans les wilayas du Sud et du doublement de la dotation du Fonds de garantie mutuelle des crédits aux jeunes promoteurs qui passe de 20 à 40 milliards de dinars. Et enfin l'allongement de l'exonération de l'impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS) de 3 à 5 ans, au profit des entreprises créant plus de 100 emplois à leur lancement. Rénover la politique nationale de mise à niveau Par ailleurs, la LFC 2009 énonce une obligation pour les investisseurs étrangers de recourir en priorité à la production locale de biens et de services en contrepartie des avantages du code des investissements qui leur seront accordés. Un second dossier relatif à la rénovation de la politique nationale de mise à niveau des petites et moyennes entreprises, la démultiplication des zones industrielles, notamment à l'intérieur du pays et la rationalisation des mécanismes de soutien à ces entreprises sera finalisé prochainement. Ce dossier sera présenté en Conseil des ministres à l'automne prochain, précise le communiqué du Conseil des ministres. Si la question du soutien des entreprises publiques a été au centre de la politique économique ces derniers jours, il n'en demeure pas moins que les PME méritent amplement cette attention particulière. Un réseau de PME performant ne peut que constituer un apport qualitatif et quantitatif à l'économie nationale, et ce, à travers une interactivité qui devrait voir le jour entre les différents créneaux d'activité. Reste maintenant à dire que l'épanouissement des PME pourrait se concrétiser aisément si toutes ces entités gravitaient autour de champions nationaux. S. B.