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Un projet à voir et à revoir
3e Festival du film arabe d'Oran
Publié dans La Tribune le 27 - 07 - 2009

De notre correspondant à Oran
Samir Ould Ali
le court-métrage tunisien de 26 minutes en course pour l'Ahaggar d'or, aurait très bien pu être réalisé en Algérie, au Maroc ou dans n'importe quel autre pays du continent tant les sujets traités (la censure dans le cinéma, la délinquance juvénile, la violence urbaine, la démission des parents…) sont des maux qui minent l'ensemble du monde arabe. Dès le début du film, le ton est donné : Sami, adolescent à la dérive, agresse un jeune homme, lui vole son scooter et se rend à la sortie d'un lycée où il s'en prend violemment à une jeune fille, sans doute son ex-petite amie : «Alors comme ça, je ne suis pas un homme, hein ?!!», crie-t-il en s'acharnant à coups de pieds et de poings sur la pauvre fille. Il se rend ensuite dans un stade pour essayer de suivre un match de football, n'arrive pas à se concentrer, s'allonge sur un banc dans un jardin public, marche dans la ville… Bref, il passe la journée à errer d'un endroit à un autre, aux prises à une rage dont il n'arrive pas à se défaire. Le soir venu, il se rend à la maison de son père pour y chercher un peu de réconfort mais c'est la belle-mère qui ouvre la porte et qui le reçoit avec un visage haineux : «Ton père n'est pas là, va-t-en, va !!». Mais Sami, dont la rage violente a cédé le pas à la détresse, s'accroche : «Je sais qu'il est là, j'ai entendu sa voix, dis-lui de sortir !!» Le père, un homme entre deux âges, ventripotent, dont les traits ressemblent beaucoup à ceux du garçon, finit par apparaître : «Que veux-tu ? Pourquoi es-tu venu ?», crache-t-il à la figure de son fils qu'il a probablement renié depuis longtemps déjà. Après quelques secondes d'hésitation, Sami se jette dans les bras de son père à la recherche d'une chaleur qu'il lui est désormais interdite : «Va-t-en et ne t'avise plus jamais de revenir ici !!» crie l'homme en jetant son fils à terre. A partir de ce moment-là, c'est la descente aux enfers : esseulé, sans gîte, désargenté, l'adolescent erre longtemps dans les ruelles du quartier de son enfance avant de tomber nez à nez avec le jeune homme auquel il avait volé le scooter. Accompagné de deux amis, celui-ci veut se venger mais, après avoir reçu quelques coups de poings, Sami réussit miraculeusement à mettre à terre ses agresseurs et prend la fuite. Dans son égarement, il tombe sur une voiture de luxe, devant un feu rouge, à bord de laquelle se trouvait un jeune couple de la haute société ; Sami n'a plus qu'à tendre le bras à travers la vitre ouverte côté passager pour s'emparer du sac de la femme. Le conducteur s'empresse de descendre de la voiture mais le voleur est déjà loin.
Il n'a plus qu'à appeler la police pour porter plainte : «Mon sac contenait des produits de maquillage, un téléphone portable et mon portefeuille contenant 200 DA», confie la jeune femme aux policiers…
Après une course de quelques minutes, Sami, lui, s'arrête devant une porte cochère et fouille fébrilement le sac : hormis les produits cosmétiques, il trouve le portefeuille et l'argent, le portable… et un pistolet. L'adolescent s'abime dans la contemplation de l'arme pendant un long moment et ne remarque même pas l'arrivée de deux policiers en civil circulant à moto. Et lorsqu'il les aperçoit, il est trop tard, les flics l'ont déjà arrêté…
Au commissariat, les policiers harcèlent l'adolescent pour connaître la provenance du pistolet : «Je l'ai trouvé dans le sac, je vous dis», répète inlassablement Sami. Mais que vaut la parole d'un délinquant contre celle d'une femme de la haute société qui insiste qu'il n'y avait aucune arme dans son sac ?
La Tunisie est un pays de tourisme
Entre-temps, d'autres policiers font assoir un homme menotté à côté de Sami et, alors que l'individu, dont la mise évoque les intégristes islamistes, est interrogé, un brouhaha se fait entendre dans le couloir. L'officier de garde, après un dernier regard haineux aux interpellés, demande à l'un des policiers de menotter Sami et le barbu ensemble et d'aller s'enquérir de la raison de tout ce bruit. Se retrouvant seuls, le barbu montre du regard à Sami une fenêtre ouverte : il leur suffit de sauter pour prendre la fuite. Mais Sami (apeuré comme s'il se voyait soudain, étant véritablement la victime parfaite dont rêvent les intégristes du monde entier) refuse de la tête. Du même regard, le barbu insiste… Soudain, le film s'interrompt, enfin l'histoire de Sami. Parce que la scène suivante montre un officiel du ministère tunisien de la Culture, adipeux, petites lunettes sur le net, qui fait la leçon à un jeune homme désabusé : «Ton scénario est excellent, l'histoire est très prenante… Mais pourquoi tout ces gros mots et toute cette violence… Il faut les supprimer pour que ton film ait des chances d'être pris… Et puis, pourquoi une femme avec un pistolet ? Nous n'avons pas ce genre de phénomène chez nous et tu sais très bien que la Tunisie est un pays touristique, où il est donc malvenu de parler de ce genre de maux que nous n'avons, je le répète, pas chez nous. Tu sais, je ne te veux que du bien : refais ton scénario, nettoie-le de toutes ces maladresses et tu verras que ton scénario sera rapidement accepté. Qu'en penses-tu ?» Pour toute réponse, le jeune scénariste, qui a dû subir ce discours des dizaines de fois, allume une cigarette, tire une grosse bouffée et la rejette en l'air : la Tunisie ne changera-t-elle donc jamais ?
Avec ce court-métrage, Mohamed Ali Nahdi signe un film très réaliste et criant de vérité autant sur la malvie d'une certaine jeunesse tunisienne que sur la censure qui sévit encore dans le pays de Benali. Le projet ne devrait pas laisser les membres du jury indifférents, lui qui a déjà remporté le Faucon d'or à la neuvième édition du festival du film arabe de Rotterdam.


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