De notre correspondant à Paris Merzak Meneceur Le président français Nicolas Sarkozy a quitté hier en fin de matinée l'hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris où il a été hospitalisé d'urgence dimanche à la suite d'un malaise qu'il a eu alors qu'il effectuait un jogging dans le parc du château de Versailles. «Aucun traitement médical n'a été prescrit» au chef de l'Etat qui va devoir prendre «un repos relatif de quelques jours», a annoncé un communiqué de la Présidence. Ainsi, hier, il s'est fait remplacer par la ministre de l'Economie à une cérémonie de signature d'un accord sur la médiation du crédit d'entreprises et il a annulé une visite prévue aujourd'hui au Mont-Saint-Michel. Il devrait tout de même présider demain le dernier Conseil des ministres avant les vacances d'été. Dès l'annonce de son malaise jusqu'à hier en fin d'après-midi, la question qui se posait sans cesse était de savoir de quel mal souffrait réellement le président français. Dans un premier temps, un communiqué de l'Elysée faisait état d'un malaise vagal, accident sans conséquences majeures. Mais, hier la même source indiquait que Sarkozy a eu un «malaise lipothymique d'effort soutenu par grande chaleur et sans perte de connaissance, dans un contexte de fatigue liée à une charge de travail importante». Le diagnostic exclut toute «cause cardiologique» et toute «conséquence cardiologique» en assurant qu'«aucun élément électrocardiographique évocateur d'un trouble du rythme n'a été décelé». Sarkozy a donc eu un malaise bénin, de courte durée qui se manifeste par une sensation de perte de connaissance, des sueurs, des bourdonnements d'oreilles, notamment. Mais, face aux communiqués rassurants de l'Elysée, en remarquant l'absence d'informations médicales signées par le médecin personnel du Président ou du chef de l'équipe médicale qui l'a pris en charge au Val-de-Grâce, l'attention des observateurs a été attirée par le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefèvre. A une question d'un journaliste lui demandant s'il s'agissait d'une «alerte» pour la santé du Président, celui-ci a déclaré : «Si personne ne considère qu'un accident cardiaque est une alerte, qu'est-ce qui peut être une alerte.» Est-ce une gaffe due à l'ignorance du dossier médical d'un très proche de Sarkozy ou un voile levé sur un secret médical ? M. Lefèvre a touché un dossier très sensible en France où l'état de santé du Président a souvent relevé du secret d'Etat. Les deux exemples les plus cités sont ceux de Georges Pompidou, dont les Français n'ont appris qu'il était atteint d'une leucémie qu'après sa mort en 1974, et de François Mitterrand qui a caché son cancer durant 14 ans ! Le malaise de Sarkozy a naturellement mis en émoi la presse française du lundi. Nombreux sont les journaux qui lui ont consacré une grosse manchette à la une : «Sarkozy hospitalisé après un malaise» (Le Parisien), «Après un malaise, Sarkozy doit sortir de l'hôpital aujourd'hui» (Le Figaro), «Malaise dominical pour Sarkozy» (Libération), «Le malaise du président Sarkozy, une question de mode de vie» (Le Monde). C'est ce dernier quotidien qui est allé le plus loin dans les commentaires sur les causes et les conséquences du malaise du Président. Pour le quotidien du soir «cette journée [de dimanche] va laisser à coup sûr son empreinte sur la suite du quinquennat». Il s'explique : «Parce que l'on est en France où, s'agissant du chef de l'Etat, le silence et le mensonge ont si souvent tenu lieu de bulletin de santé. Et parce qu'il s'agit de Nicolas Sarkozy. ‘‘L'omni'' ou ‘‘lhyper'' président, auquel nos institutions donnent tant de prérogatives -une autre spécificité française- a construit son image et sa pratique du pouvoir sur un activisme débridé.» «A cette suractivité, s'ajoute le suivi d'un régime amaigrissant : le mode de vie de M. Sarkozy n'est probablement pas tout à fait étranger à son accident de parcours», poursuit le journal. Pour le quotidien du soir, «il est peu probable que l'image» du Président «sorte intacte du Val-de-Grâce». Le Monde estime que la journée de dimanche «restera peut-être comme un tournant du quinquennat».