La Tribune a souvent traité du thème de l'anarchie urbanistique qui a défiguré et clochardisé, depuis des années, la ville de Tizi Ouzou et sa périphérie immédiate. Les différentes agressions contre l'urbanisme et l'architecture et, surtout, contre le plan directeur de l'aménagement urbain (PDAU) et les différents plans d'occupation des sols (POS) ont souvent été dénoncées et décriées, y compris par les responsables locaux et ce, depuis de longues années. Des mesures annoncées et des déclarations faites, prenant parfois une forme de «mea culpa», il n'en reste que les échos puisque les violations des règles d'urbanisme se poursuivent impunément avec, parfois, des dangers pour les populations.Le quartier des villas n'a pas encore fini d'être massacré par les différentes coopératives immobilières qui l'ont transformé en cité dortoir, qu'un autre quartier de la ville est la cible de décisions irréfléchies qui violent les normes d'urbanisme et mettent en danger des citoyens, et même les occupants de la caserne du secteur militaire de Tizi Ouzou. En effet, c'est ce qui se passe au lotissement Hasnaoua, qu'on appelle aussi El Bordj pour sa proximité avec le bordj turc qui abrite ce secteur militaire, où les constructions sont, à l'origine, individuelles conformément aux décisions des années 1980 prises par les autorités locales lors de l'octroi à des particuliers de lots de terrain destinés exclusivement aux constructions individuelles. D'ailleurs, même les permis de construire délivrés à l'époque indiquent clairement que les propriétaires sont tenus de construire des habitations individuelles et en R+2. Aujourd'hui, les habitants de ce quartier ne savent plus à quel saint se vouer. Un lot de terrain destiné, comme tous les autres, à une construction individuelle a été cédé par son propriétaire à un promoteur immobilier qui entend réaliser une coopérative immobilière en R+5. Les riverains ne l'entendront pas de cette oreille et finiront par s'organiser et faire appel à un expert foncier qui fera un rapport accablant sur le non-respect des normes d'urbanisme mais aussi sur le danger que ce projet de coopérative immobilière constitue pour les riverains et la caserne du secteur militaire, sérieusement menacés par le brise-roche que le promoteur utilise dans l'opération de terrassement qu'il a lancée, il y a quelque temps. Surtout que le terrain est très accidenté, disent les habitants qui affirment que le plan présenté par le promoteur ne reflète pas la réalité du terrain qu'il présente comme «légèrement accidenté». Question : comment le promoteur a-t-il obtenu un permis de construire qui lui permet de réaliser une bâtisse en R+5 alors que les anciens plans n'autorisent que des R+2 ? Cette interrogation est contenue dans le rapport de l'expert foncier engagé par les riverains. Un expert qui s'est contenté de s'interroger pour ne pas tomber dans les soupçons ou même les accusations qui ne font peut-être pas partie de ses attributions. Pourtant, d'éventuels soupçons au minimum de favoritisme seraient légitimes chez les habitants concernés. Et puis, c'est aussi leur intimité qui serait malmenée par la réalisation d'une bâtisse d'une telle hauteur dans un quartier qui ne comporte que des habitations à deux étages. Pour stopper l'opération de terrassement lancée par le promoteur immobilier, les habitants font appel aux autorités de wilaya et de la commune pour une enquête rapide qui arrêterait le danger guettant leurs maisons. Surtout que, de ce côté-ci de la ville des Genêts, il existe encore des lots vierges qui n'ont pas été bâtis et qui sont, selon les soupçons des riverains, convoités par des promoteurs immobiliers pour la réalisation de coopératives. Et c'est ce premier lot qui risque de faire l'effet boule de neige si les autorités n'agissent pas dans les plus brefs délais pour arrêter le massacre et rappeler à l'ordre les fonctionnaires qui délivrent des permis de construire sans respect de la réglementation.