De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Nous sommes en 2009 et plus de trente années après l'entame de l'extension de la ville de Tizi Ouzou, considérée jusqu'alors, comme l'une des plus belles petites villes du pays, il n'existe pas encore dans les projets d'aménagement et d'extension de la ville des Genêts des références au patrimoine ou plus largement à la culture. Depuis la création de l'Office pour la promotion et la gestion immobilière (OPGI), prélude pour une marche effrénée vers l'élargissement de l'espace vital des Tizi Ouzéens, la ville a connu l'érection de centaines, voire de milliers de cases, servant debâtiments ou même de maisons familiales qui ne présentent aucune esthétique. Tizi Ouzou est quasiment entourée de cités dortoirs depuis la création, en majorité par l'OPGI, de ce qui est appelé la nouvelle ville avec ses bâtiments de cinq à dix étages séparés par de petites ruelles. Cette situation, au lieu d'être atténuée par une véritable politique urbanistique et des corrections, sera accentuée par l'anarchie qui a caractérisé la décennie quatre-vingt-dix avec, notamment, les fameuses coopératives qui ont défiguré la périphérie de la ville et certains endroits. Espérer qu'il y ait une place au patrimoine ou à la création dans les projets d'aménagement et extensions urbains à Tizi Ouzou relève encore de l'utopie, tant dans l'esprit des responsables la quantité passe inéluctablement avant la qualité, l'objectif prioritaire étant d'assurer des logements au maximum de citoyens. Loin de toute référence culturelle, la construction ne prend même pas l'aspect esthétique, tellement cela risque de coûter cher, notamment du côté des bureaux d'études et des architectes, et de prendre du temps dans la réalisation. La Tribune a déjà traité de cette question, notamment avec des architectes qui ont dénoncé cette propension des pouvoirs publics à favoriser le travail bâclé et sans aucune référence à la culture ni au patrimoine. Il est tout à fait loisible de vérifier cette absence de créativité dans toutes les constructions édifiées au niveau de tous les accès périphériques de la ville des Genêts. A commencer par la rue Kerrad Rachid à l'ouest qui avait plutôt l'aspect d'une porte d'entrée vers le quartier «chic» des villas où beaucoup d'espaces verts étaient encore là, avant le passage, durant les années bénies de l'anarchie, vers l'image d'un horrible couloir bordé de bâtisses et d'interminables chantiers qui ont enlaidi le quartier. Surtout que cela a continué jusqu'au bout de la rue donnant vers la gare routière. Et là, ni les architectes ni les réalisateurs n'ont pensé à la création ou au patrimoine culturel de la région dans leurs différentes démarches. Il en est de même au niveau des autres accès de la ville de Tizi Ouzou, y compris sur la RN12, à l'est où les bâtisses et les «tours» poussent comme des champignons, donnant l'image d'une ville hideuse à tous les visiteurs. Il importe de relever dans le même sillage que les programmes publics de logement ne diffèrent pas tellement de ceux des privés, ces derniers privilégiant également la quantité au détriment de la qualité, avec quelques petites différences sans aucun rapport avec le patrimoine ou la culture. Le wali de Tizi Ouzou trouve des difficultés énormes à remédier à ce problème depuis son installation à la tête de la wilaya. L'anarchie résiste bien dans une région où l'architecture ne rime pas forcément avec culture, et surtout pas avec patrimoine.