Le «P'tit Paris» de jadis, l'actuelle capitale de la Mekerra est aussi celle du raï, son épicentre. Ce mois d'août s'annonce chaud mais la «fraîcheur et l'ambiance» créées par le festival offrent à Sidi Bel Abbès un cachet particulier, un air apaisant et une atmosphère parfumée. La ville vit au rythme du festival. Fidèles à ce rendez-vous, les promeneurs déambulent dans les rues, zappant d'un style musical à l'autre. On oublie bien vite le temps un peu frisquet et incertain pour profiter de la chaleur musicale du raï dans les enceintes du stade du 24 Février et du théâtre de Verdure. Dès son coup d'envoi, dans la soirée de dimanche dernier, cette seconde édition du festival du raï n'a cessé d'attirer de nombreuses familles, particulièrement des jeunes en quête de divertissement. Festival de plein air qui fait la part belle au spectacle avec ses concerts, celui-ci entraîne le public dans un tourbillon festif. On y vient pour les spectacles, bien sûr, mais aussi pour l'ambiance, car la génération de ce siècle est mordue de cette musique. En effet, la ville vit aux couleurs du festival et des soirées ont été animées par bon nombre de chanteurs, dont Akil, Zahi Ceraiti, Nassim, cheb Nadjim, cheba Sabrina, Mohamed Esseghir, cheb Abbes, toute une brochette d'artistes tout aussi prestigieux que talentueux. Profitant des longues soirées estivales, la ville revêt son habit de lumière pour accueillir les artistes et le public. Le mouvement se fait sentir vers 19 heures moment à partir duquel toute la ville commence à bouger. De leur côté, les artistes, venus de différentes régions, explorent cette métropole et ses vestiges historiques. Le festival a acquis reconnaissance et crédibilité et s'inscrit désormais dans le cadre du dialogue permanent entre les cultures et les civilisations algériennes, favorisant un sentiment de fraternité entre Algériens. Cette seconde édition compte relever tous les défis pour promouvoir d'avantage cet art. A Sidi Bel Abbès, bon nombre de visiteurs trouvent un grand plaisir à déambuler à travers les ruelles pour profiter de l'ambiance particulière que procure ce festival, caractérisé par des chants de différents groupes et chanteurs, qui font régner un sentiment de quiétude au sein du public. Chaque soir, au-delà des vibrations des instruments de musique, les voix harmonieuses des artistes investissent les lieux. Les sons des guitares, batteries, percussions évoluent peu à peu en harmonie et se mêlent aux lumières des projecteurs pour créer une véritable féerie. De la scène latérale s'élèvent des sons musicaux et toute l'ambiance qui y règne réchauffe la foule.Interrogés, les organisateurs, notamment le commissaire du festival, M. Akloul Othmane, diront que cette deuxième édition du Festival national de la musique raï s'inscrit dans le cadre de la revalorisation de ce patrimoine ancestral. Cette manifestation, dont le coup d'envoi a été réussi, vise à donner plus de chance aux artistes qui ont choisi cet art musical, considéré désormais comme un patrimoine à protéger. «Notre objectif étant l'impulsion des jeunes musiciens, dont la motivation est de valoriser le raï hors des frontières en produisant une musique moderne basée sur les rythmes traditionnels algériens.» Un autre musicien a tenu à préciser que la formation a su allier ingénieusement cet héritage musical à vocation festive, avec, d'une part, la tradition musicale algérienne que l'on retrouve dans les percussions et, d'autre part, un style bien adapté : les pieds dans la tradition et la tête dans le modernisme. Selon bon nombre d'observateurs interrogés à ce sujet, ces derniers ont affirmé que, désormais connu internationalement, le raï est un genre musical issu des terroirs de l'Ouest algérien. Il plonge, a-t-on expliqué, ses racines dans la poésie traditionnelle chantée, en marge de laquelle il a fleuri dans des lieux de plaisir, comme cela a été rapporté par des chercheurs. Cependant, a-t-on expliqué, grâce à la relève, cet art a été marqué par une production évolutive, moderne, largement diffusé grâce aux moyens technologiques (clip, DVD, K7), des chansons ont fait le tour du monde, à l'image de celles de Khaled et autres Faudel, Sabrina et Fadhela. Pour cette édition 2009, l'objectif visé consiste à inculquer aux chanteurs l'art d'adapter des textes à la hauteur et une musique bien composée afin d'offrir un produit qui séduise davantage les fans du raï, avec des tubes impressionnants, car on a la conviction artistique que cet art atteindra l'ensemble des objectifs tracés pour son éventuelle impulsion et, par là, élever les niveaux des festivals avec un mouvement musical adéquat. En effet, en raison de son contact avec une nouvelle communauté, avec de nouvelles mœurs, de nouvelles habitudes, un nouvel état d'esprit, mais tout en gardant les mêmes principes techniques, le raï a pu s'adapter. Cela l'a rendu encore plus appréciable et plus riche. La deuxième édition du Festival de la chanson raï se déroulera jusqu'au 8 du mois en cours, et tout au long de cette période cette musique touchera la maximum de cœurs.