De notre correspondant à Constantine A. Lemili A Constantine, ce ne sont pas que les malades qui souffrent le martyre du fait de la totale désaffection du personnel médical et plus particulièrement paramédical. Même les documents censés consigner au plus fort la traçabilité de leur présence ponctuelle et encore plus un séjour au sein des services de la plus importante structure sanitaire de la wilaya, en l'occurrence le CHU, sont archivés dans les conditions les plus folkloriques. Ce qui a pour conséquence d'amnésier définitivement l'historique d'un patient dès lors qu'il quitte les lieux. Autrement dit, pour reconstituer «son… histoire médicale» au cas où par malheur il serait victime d'une rechute ou d'une autre pathologie, il y a obligatoirement nécessité de tout reprendre, de l'interrogatoire d'usage à la recomposition de toutes les investigations médicales et analyses réalisées. Une situation qui a pour inconvénient de mettre dans l'embarras les équipes médicales, certes, mais dans des conditions encore plus dramatiques le malade.C'est le cas de H. M., hospitalisé en urgence pour un grave dysfonctionnement cardiaque qui lui vaudra un séjour de plus de trente jours au service de cardiologie d'où il sortira porteur d'un stimulateur électrique en attendant une autre intervention plus complexe, à savoir la pose d'une prothèse aortique. Toutefois, pour ce faire, la structure médicale concernée a exigé du patient qu'il lui remette cet historique avant l'intervention. Et c'est, là qu'ont commencé les difficultés de H. M. dans la mesure où son dossier n'était plus disponible à la hauteur du service concerné et encore moins dans les… archives, contrairement aux propos qui lui sont tenus par le responsable concerné. Dès lors, tous les moyens seront bons pour essayer de retrouver un dossier, qui ne le sera jamais. Même son épouse sera invitée à aller «fouiller» elle-même dans les archives où elle restera toute une journée… en vain.En fait, il faut souligner que ledit dossier, dont la confidentialité est plus qu'évidente, était manipulé par monsieur tout le monde, le patient déplacé dans le cadre de consultations auprès d'autres services spécialisés (stomatologie, dentaire, ORL) était souvent confié à un commis de salle, parfois simplement de passage au service, qui, comble du paradoxe, pouvait se délester du patient en cours de route et lui remettre directement son dossier pour aller vaquer à autre chose et le rejoindre, ensuite, au service concerné.Mais le plus inattendu et le plus farfelu au niveau du service de cardiologie est la préservation des documents au sous-sol, un sous-sol accessible à souhait sachant qu'il abrite aussi le service des «urgences cardio» et le petit bloc de greffe des pacemakers. Donc, un lieu public à souhait au sein duquel se trouve la salle des archives, qui abrite, également, les colloques quotidiens du staff médical, avec sa porte d'accès ouverte de jour comme de nuit et accessible à tout étranger. H. M., qui n'obtiendra aucune suite, malgré son état physique, à ses incessants déplacements au CHU, qui saisira officiellement par écrit le DG à la date du 28 mai sera finalement joint et proposition lui sera faite de reprendre certaines des prestations importantes. Ce qui s'est passé pour lui ne risque pas de l'être pour le reste des malades dans la même situation.Cette «histoire» de paperasses, comme qualifiée par le personnel sur place, est, en fait, une habitude ancrée dans toutes les structures sanitaires à un degré moindre ou important… c'est selon.Il existe, heureusement, des malades plus précautionneux que d'autres et qui ont l'intelligence ou la judicieuse initiative de garder une trace de tout leur parcours médical si ce n'est matériellement… de mémoire.