La saison estivale 2009 est passée presque inaperçue. Quid du nombre d'estivants ? Quels sont les endroits les plus prisés ? Et les émigrés se sont-ils rués vers leur pays d'origine, cette année ? Alors que l'Algérie s'est dotée d'un cadre stratégique de référence pour absorber, autant que cela se peut, la manne touristique internationale, le secteur reste «muet» durant cette période phare de l'année. Le Schéma directeur d'aménagement touristique (SDAT) 2025 intégré dans le Schéma national relatif à l'aménagement du territoire et au développement durable est ambitieux sur le papier. Il prévoit d'attirer 20 millions de touristes à l'horizon 2025. L'Office national du tourisme s'est fixé pour objectif d'accueillir 15 millions de touristes d'ici à 2015. Les intentions sont là, mais le reste ne suit pas. Avant le début de la saison estivale, les annonces et autres coups médiatiques se sont succédé : spots publicitaires censés promouvoir l'image de l'Algérie à l'étranger, réduction des tarifs pour les billets d'avion au bénéfice de la communauté algérienne établie à l'étranger…Mais depuis, rien. En dehors de quelques reportages sur les plages algériennes et certains sites touristiques sur la chaîne de télévision nationale, c'est le black-out total. Où sont donc les responsables de la promotion de la destination Algérie ? C'est le moment où jamais de montrer son «art». Il faut reconnaître que cette saison estivale n'est pas de tout repos pour la population. Du moins, pour les plus tourmentés. Canicule, coupures d'électricité et d'eau, Ramadhan, mercuriale en hausse et grippe porcine ne prêtent pas à penser à se divertir. Et pour ne rien rater, des décisions importantes prises dernièrement par le Conseil des ministres provoquent des crises d'angoisse chez les citoyens. Week-end semi-universel et suppression des crédits à la consommation monopolisent les discussions. Si, pour la première décision, les Algériens semblent attendre ses répercussions sur leur vie de tous les jours, l'être humain, généralement, a du mal à supporter des entorses à son train-train quotidien et ses habitudes comportementales. Changer les jours du repos hebdomadaire exige un nouvel effort d'adaptation dont tout le monde n'est pas forcément capable. Quant à la suppression des crédits à la consommation, c'est plutôt la classe «intermédiaire» (pour ne pas dire moyenne, car c'est une notion large qui n'est presque plus représentée en Algérie), qui est touchée de plein fouet. Cette frange sociale qui pouvait se permettre des vacances, se trouve dépourvue de sa bouée de sauvetage. Celle grâce à laquelle elle (la classe «intermédiaire») réussissait, tant bien que mal, à flotter au-dessus des frustrations. Ni pauvre, ni riche et active, elle ne parvenait pourtant pas à s'offrir le nécessaire en électroménager, un véhicule, une fête de mariage et autre, sans l'aide salutaire des banques. Rassembler la somme nécessaire pour une fête de mariage requiert un sacrifice et une épargne rigoureuse de plusieurs années. Quel rapport cela a-t-il avec la saison estivale ? C'est la stabilité dans ses composantes spirituelle et financière. On ne peut penser à se distraire quand on n'est pas sûr de ses lendemains. Une journée au bord de la mer vaut son pesant de dinars. Cette même monnaie qu'il faudra compter au centime près pour préparer sa «meida» de Ramadhan. Une table qui s'annonce plutôt maigre au regard de la mercuriale qui chauffe encore plus que le soleil du mois d'août. La rentrée sociale, avec ses exigences également, n'est pas très éloignée dans le temps. Préparer sa progéniture pour l'école, le lycée ou l'université coûte de l'argent. Et là, plus moyen de contracter un crédit confort. Alors, penser aux vacances… S. A.