De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Pour les trafiquants en tout genre, c'est la meilleure conjoncture pour augmenter et faire des profits inimaginables. L'été est dépensier et synonyme de gouffre pour les bourses moyennes qui s'étranglent durant cette saison réputée déjà chaude pour honorer des rapports et «engagements» familiaux comme les fêtes de mariage, fiançailles et circoncisions. C'est aussi l'arrivée des émigrés qui profitent au maximum, en famille et entre amis, des plaisirs des retrouvailles et ne se privent de rien pour recharger leurs batteries avec une cagnotte réservée pour à cet effet. Cette année, la flambée des prix, durant ce mois d'août, est aussi justifiée par l'approche du début du mois de Ramadhan, connu pour les dépenses exagérées qui frôlent le gaspillage et l'incivisme. Et il ne faudra pas s'étonner par conséquent de voir affichés des prix exorbitants pour des légumes et fruits de saison qui devraient coûter au moins deux fois moins cher au marché de détail. A Tizi Ouzou, hier, le melon a été cédé à pas moins de 100 DA le kg, la pomme de terre et la carotte à 50, l'oignon et la courgette à 40, le poivron à 75, la tomate et le concombre 60, les haricots verts et la pomme à 160, l'orange et la pêche à 120, le raisin à 100 et la pastèque à 30 DA. «Vous trouvez les prix trop élevés, vous dites que c'est trop cher, attendez dans quelques jours revenez pour constater de visu ce que subiront comme inflation les prix avant le début de Ramadhan», nous lance un détaillant de fruits et légumes de Tizi Ouzou-ville. Il dit que rien ne l'empêche de fixer les tarifs qu'il veut du moment que «nous sommes en plein économie du marché, donc s'il y a une forte demande en fruits de saison, j'ai le choix d'exiger le prix que je veux et si toi ou quelqu'un d'autre n'est pas content, dix ou cent sont prêts à débourser le prix pour se satisfaire», poursuit-il, tout heureux des gains qu'il engrange actuellement sur la vente de fruits comme la pastèque, le melon, le raisin… et bien d'autres encore. Que fait l'Etat pour contrôler et réguler le marché à la veille du mois du Ramadhan ? «Nous sommes dépassés, nos effectifs sont faibles sur le plan quantitatif, pas assez de recrutement pour faire face aux multiples atteintes aux normes commerciales. Et puis c'est l'été, rien qu'avec le travail qu'on fournit pour éviter la commercialisation des produits périmés ou prohibés on est incapables d'aller plus loin dans nos tâches», souligne un cadre employé dans une direction chargée de la répression des fraudes au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou. Sachant que tout un Etat n'a rien pu faire pour vaincre les gros intérêts mal acquis de l'informel, nous sommes en droit de se demander qui prendra au sérieux ce même Etat quand il entame des «campagnes d'assainissement» du secteur du commerce.