Pour sa deuxième édition, le Festival international du gnaoui d'Alger a voulu faire fort. En plus de la programmation de concerts, le commissariat du festival a prévu d'autres rendez-vous susceptibles de donner plus de verve et de couleurs au festival. Parmi ces rendez-vous figure l'exposition «les couleurs du gnaoui» dont le vernissage a eu lieu jeudi dernier à la galerie Isma de Riadh El Feth. 11 jeunes talents issus de l'Ecole des beaux-arts d'Alger ont répondu à l'appel de la créativité. Ainsi, sous l'impulsion d'Adnane Ferdjioui, directeur artistique du festival, les jeunes talents se sont regroupés autour d'un atelier dirigé par l'artiste plasticien Karim Sergoua pour vivre une expérience artistique des plus fructueuses. «Cet atelier n'a pas été inscrit dans un cadre pédagogique, il s'est plutôt fait dans une ambiance de créativité libre, de partage et de plaisir», dira-t-il lors du vernissage de l'exposition. Et il ajoutera, très enthousiaste, que cet atelier «s'avère être une réussite malgré les moyens dérisoires dont disposaient ces jeunes». Et personne ne pourrait le contredire. Il suffit de se balader dans la galerie Isma, d'aller de toile en toile et de se laisser prendre par les propositions métaphoriques que recèlent ces petites œuvres. Et pour leur donner plus d'éclat, nous avons fait parler leurs auteurs. Walid Aidoud, l'un des artistes en herbe de l'exposition, n'est qu'un néophyte en matière de peinture, sa spécialité étant le design aménagement. Cela dit, son œuvre vaut le détour. Fort de son expérience de designer, l'artiste a voulu que son œuvre soit empreinte d'épuration et d'influences minimalistes fidèles à des approches architecturales. Et si Walid a opté pour des couleurs sobres, Seif Azouz, étudiant en cinquième de peinture, n'a pas lésiné sur les couleurs. Le gnaoui, pour lui, c'est le désert, la chaleur, les couleurs vives et les contrastes violents. Il a donc exploité les motifs de «zarbia» (tapis) à profusion pour bien rendre compte de l'univers gnaoui. Non loin de lui, Syphax Barris, étudiant en deuxième année de design graphique, s'est penché, quant à lui, sur le côté spirituel de la musique gnaouie dans ce qu'elle comporte de «névrotique» et de sombre. Il met en scène dans ses deux tableaux l'élévation, l'oubli des personnages gnaouis «assoiffés de plaisir, de transe et d'ivresse». Nous ne pouvons en citer que quelques-uns pour des contraintes d'espace mais ils sont onze, et leurs œuvres sont autant captivantes les unes que les autres. Ils proposent 36 toiles autour de la musique gnaouie, où un mélange de couleurs vives et sombres, des formes expressives et des contrastes à n'en plus finir captent le regard. Chacun a sa façon de voir le gnaoui. Il ne reste qu'à aller de toile en toile et de laisser libre cours à son imaginaire pour découvrir et apprécier l'effervescence artistique de ces jeunes talents avides d'expression et de partage… La galerie Isma ouvre ses portes au public intéressé tous les jours de 10 à 18 heures, à partir de dimanche et ce, jusqu'à la clôture du festival, le 11 juillet prochain. Bonne découverte ! F. B.