Musique, conférence expo et cinéma sont au programme de la 3e édition du festival Diwan d'Alger, inaugurée, hier soir, au théâtre de Verdure (OREF). Comme chaque année, le pôle cinéma est assuré par la réalisatrice Sihem Merad, une occasion pour faire connaître les coulisses de la culture gnaoua. Quel rôle jouez-vous dans le festival ? Je suis programmatrice du pôle cinéma du Festival Diwan que j'ai appelé Cinemusique. Pour la petite histoire, j'ai commencé en tant que bénévole lors de la première édition du festival en 2007. Toutefois, le festival a été reconduit l'année d'après. Je me suis alors rapprochée du commissariat du festival pour leur faire part de ma volonté de collaborer à nouveau avec eux. J'ai alors proposé la création d'un pôle cinéma, entièrement dédié au film documentaire musical. L'idée a plu et a été retenue. Il faut dire que nous sommes le seul festival algérien à programmer ce genre de film. Enfin, l'avancée pour l'édition 2010 est le fait que les films programmés sont tous accompagnés de leurs réalisateurs. Quelles sont les particularités des films retenus ? Parmi les films proposés, deux d'entre eux sont consacrés à la culture gnaoua avec deux regards distincts. Les films sont d'une grande sensibilité et instructifs. Par exemple le film Transe Gnaoua, un rituel de guérison à Essaouira s'inscrit dans la mouvance world. La réalisatrice Eliane Azoulay, native de cette ville, opère un passage constant entre une « lila » (animée par le défunt H'mida Boussou et Mostapha Baqbou) et la scène du Festival d'Essaouira sur laquelle défilent des artistes du monde entier. Le public algérien est-il réceptif à ce genre de film ? Les films que je programme attirent essentiellement des amoureux de la musique. Pour l'édition de 2008, des films consacrés à la culture gnaoua ont été programmés et le public était à chaque fois au rendez-vous. Ce fut le cas pour le film Les fils de Bilal. Transes et métissage chez les Gnaoua du Maroc » projeté en présence de Hassan Boussou, ainsi que pour le film Les sept couleurs de l'univers du réalisateur Jacques Willemont. Cette année encore, deux films sont consacrés aux Gnaoua du Maroc. Pensez-vous que le genre gnaoui, dans les films, attire ? Au-delà du genre gnaoui qui attire le public, ma volonté est aussi de programmer des films construits comme le portrait de la terre qui nourrit le musicien. Ce que je veux dire par là, c'est que certains films nous permettent d'approcher la musique ou le musicien et l'espace dans lequel ils évoluent. C'est le cas du film Le miel n'est jamais bon dans une seule bouche programmé samedi 17 juillet à 16h qui nous permet d'approcher le quotidien de Ali Farka Touré dans son village natal, Niafunké, au sud-ouest de Tombouctou. Le film Bled musique à l'usine est également très intéressant dans la façon de révéler le quotidien des musiciens algériens installés à Paris, et ce, à travers de leur musique.