C'est un coup dur pour les raffineurs européens. Ces derniers, contraints par la baisse des prix de pétrole, ont revu à la baisse le volume de leurs activités. La courbe sinusoïdale des prix de l'or noir a affecté les raffineurs du Vieux Continent. Confrontés à un effondrement des marges, tombées à 10 euros la tonne au mois de juillet contre 65 euros en septembre 2008, les industriels du secteur sont en train de réduire sensiblement l'activité de leurs installations. Le bal des fermetures des raffineries a été ouvert, ce mois, par le géant français Total. Cette entreprise a, en effet, arrêté l'une des unités de base de sa raffinerie normande de Gonfreville, la plus grande de l'Hexagone. Le même scénario est enregistré dans d'autres entreprises. Le leader suisse dans ce secteur, Petroplus, a également décidé de la faire tourner ses installations d'Anvers, à moitié de leurs capacités au troisième trimestre de l'année en cours. Pis, ses sites normand et alsacien de Petite Couronne et de Reichstett, devraient respectivement tomber à 68 et 76%. Destinée à être cédée par Petroplus, la raffinerie britannique de Teeside est arrêtée depuis mars. Ces exemples montrent à quel point la crise actuelle a engendré une chute de la demande à tous les niveaux, poussant les compagnies pétrolières, en plus de la réduction de leurs activités, notamment dans le raffinage, à geler carrément leurs investissements, dans certains cas. Toutefois, la situation reste paradoxale. Alors que la demande mondiale de produits pétroliers devrait baisser de 0,6 million de barils par jour cette année, selon l'Agence internationale de l'énergie, les capacités de raffinage de la planète augmenteront d'au moins 1,5 million de barils par jour. Selon le cabinet Standard & Poor's (S&P), cité par des agences de presse, la situation de crise pourrait donc durer jusqu'en 2013. «A partir de 2014, l'avènement de nouvelles raffineries au Moyen-Orient devra aussi être pris en compte», ajoute l'agence de notation. En filigrane, cette situation risque de perdurer, provoquant ainsi d'autres gels des activités. En effet, rien d'étonnant à ce que certains pétroliers cherchent à se désengager du secteur, comme le montre la mise en vente de la raffinerie de Shell à Stanlow. Au printemps, le pétrolier anglo-néerlandais avait déjà annoncé sa volonté de céder une raffinerie au Canada, une autre en Nouvelle-Zélande et deux en Allemagne, explique le cabinet même source. «La demande de produits pétroliers va repartir l'an prochain, mais ce redémarrage sera très lent dans les économies industrialisées. Cette période de faibles marges va se prolonger jusqu'à ce qu'une restructuration des capacités de raffinage soit menée», a noté Alfred Luaces, consultant chez Purvin & Gertz. Ces deux avis, pessimistes au demeurant, ont été précédés par l'analyse de l'économiste en chef de l'Agence internationale de l'Energie AIE, Fatih Birol. Ce dernier a indiqué que le sous-investissement chronique dans leurs infrastructures pétrolières «compromettra tout espoir de reprise après la crise économique actuelle». S. B.