Encore un accident meurtrier sur nos routes, un de plus, un de trop sommes-nous tentés de dire. Le drame survenu samedi dernier à l'entrée de la ville de Ghazaouet, où dix-sept personnes appartenant à une même famille (les premières informations indiquent que ces dernières se dirigeaient vers la plage, malheureusement pour elles, c'est au cimetière qu'elles se sont retrouvées !) ont trouvé la mort, suite à la collision frontale d'un minibus et d'un poids lourd en folie, constitue assurément la goutte qui fait déborder le vase. Il doit donner à méditer à tout un chacun. L'émoi et la consternation ont été tels que cet accident a éclipsé tous les autres événements de la journée. Une seule question revient presque sur toutes les lèvres : jusqu'où ira la folie meurtrière des chauffards que rien ne semble en mesure d'arrêter ? Ces derniers, sans conscience ni états d'âme, ne semblent pas avoir peur des sanctions, de plus en plus sévères, qu'ils encourent en cas de violation du code de la route. Pour les campagnes de sensibilisation organisées à travers le pays, mieux vaut ne pas en parler tellement elles semblent inutiles. Les «terroristes de la route» doivent certainement en rire, eux pour qui seul le plaisir d'appuyer sur l'accélérateur a droit de cité. Certaines sources estiment que le facteur humain est à l'origine de plus de 90% des accidents de la route en Algérie. Dans ce cadre, l'excès de vitesse est la cause la plus fréquente. A cette dernière, il faudra ajouter les dépassements dangereux. Le plan «Delphine» instauré depuis quelques années ne semble pas avoir eu l'effet escompté. Chaque jour apporte son lot d'accidents. Ceux qui échappent à la mort se voient handicapées à vie. «A la vue d'un agent de l'ordre ou d'un gendarme, le comportement du conducteur change. S'il roule très vite, il ralentit, s'il n'a pas mis la ceinture de sécurité, il s'empresse de la mettre, s'il parle au téléphone, il ne le fait plus. Mais, à peine s'éloigne-t-il d'un barrage qu'il se métamorphose. Il se comporte comme bon lui semble», nous dira un vieux taxieur qui semble, durant sa longue carrière, en avoir vu des vertes et des pas mûres. Pour lui, et c'est d'ailleurs l'avis de bon nombre de personnes, le volet explication et sensibilisation, notamment au sein des auto-écoles, doit, quoi qu'on en dise, être privilégié. «Mais, pour ceux qui s'entêtent à n'en faire qu'à leur tête, et qui ne comprennent que le langage de la répression, seule la politique de «al assa liman assa» (le châtiment pour celui qui désobéit) est à même de lui faire changer de comportement», nous dira un père de famille, anxieux à la veille de la reprise du chemin de l'école par ses quatre enfants. Le mot est ainsi lâché. La résolution (du moins en partie) de l'épineux problème des accidents de la route ne peut résider que dans le durcissement des sanctions à l'encontre des «fous du volant». C'est dans ce cadre que l'ordonnance n° 09-03 du 22 juillet 2009 modifiant et complétant la loi n°01-14 du 19 août 2001 relative à l'organisation, la sécurité et la police de la circulation routière, a été mise en application. Elle est caractérisée par l'institution de mesures coercitives en matière de non-respect des règles de la circulation routière et par l'introduction du permis probatoire ainsi que du permis à points. Ce dernier est un procédé par le biais duquel un conducteur récidiviste est sanctionné. De leur côté, les amendes ont été revues à la hausse. Elles varient de 2 000 à 6 000 dinars. En outre, les conducteurs en état d'ébriété ou sous l'effet de drogue responsables d'accidents de la route meurtriers seront sévèrement sanctionnés de peines de prison pouvant atteindre dix ans. Il est utile de signaler que l'Algérie occupe la quatrième place en termes d'accidents de la route, lesquels font annuellement 4 000 morts par an, dont 80% le sont par traumatisme crânien. Le coût annuel de ces accidents se situe autour des 75 milliards de dinars. B. L.