De notre correspondant à Tlemcen Mohamed Medjahdi Originaire de Sidi Bel Abbès, Ouadah Amine vient d'entamer sa troisième décennie d'existence. Célibataire de son état, c'est l'un des nombreux jeunes cadres que compte l'Algérie. Universitaire, il est fonctionnaire aux services des impôts de la wilaya de Sidi Bel Abbès. Sa situation, relativement confortable, n'entame en rien sa conscience du lourd fardeau que portent les jeunes de son pays. Pourquoi tous les efforts ne se conjuguent-ils pas pour redonner espoir aux jeunes, lesquels se sentent exclus, et redorer le blason de leur pays ? D'emblée, il interpelle les pouvoirs publics de «cesser d'humilier cette frange de la population», laquelle n'aspire qu'à un avenir meilleur, celui de vivre dans la dignité sur une terre ayant arraché son indépendance avec un lourd sacrifice, un million et demi de martyrs, payé par leurs aïeux. En raison du privilège de son emploi, par rapport à ses pairs, Amine souligne la nécessité d'élaborer une politique solide en appliquant les instructions du président de la République, afin de redonner espoir aux jeunes. «Ce pays compte plus de 65% de jeunes. Il est absolument indispensable de lancer des actions et de tracer des objectifs pour les réintégrer en répondant correctement à leurs attentes.» «Une manière comme une autre d'épargner aux jeunes des maux dont ils sont victimes», estime Amine. «Peu de compétences et peu de confiance leur sont attribuées.» Pourtant, la jeunesse est l'avenir de notre société, dit-il, en ajoutant, non sans une pointe de déception, qu'«elle est l'espoir d'un monde meilleur». Il croit dur comme fer que l'Etat doit se dépenser davantage en s'impliquant un peu plus pour «accompagner les jeunes dans la construction de leur avenir en les aidant à mieux s'outiller afin qu'ils deviennent mûrs, responsables et autonomes…, donc de vrais acteurs, capables de transmettre notre riche patrimoine culturel et social». Bref, une oreille attentive encouragerait les jeunes à croire en un avenir meilleur. «Ils ne penseraient plus à la drogue, à l'alcool, et, surtout, à el harga. Un emploi et un logement sont indispensables pour les intéresser. Car, l'énergie, les expériences et la pensée créatrice des jeunes peuvent facilement donner un élan au développement.» Poursuivant son argumentaire, notre interlocuteur précisera que «nul ne peut nier les sacrifices de nos martyrs pour que l'Algérie recouvre son indépendance, mais la jeunesse est sans nulle doute l'espoir de demain, le grenier des ressources humaines pour amorcer toutes les réformes économiques ou culturelles en vue». Préparer, instruire, informer et éduquer cette jeunesse reste le défi à relever afin d'assurer son épanouissement. «Tant que ce potentiel est gaspillé, ni les jeunes ni la société dans sa globalité ne pourront prétendre à une prospérité. Les jeunes attendent toujours un premier job, qui tarde à venir.» Ouvrir les portes aux jeunes, écouter leurs doléances, c'est le rôle des autorités locales, car, face à l'échec, le jeune se sent frustré et ne pense qu'à l'immigration clandestine ou à la délinquance. «En un mot, la jeunesse ne cherche pas un fauteuil confortable, mais simplement une attention particulière pour qu'elle s'affirme, en montrant sa force.»