Après avoir frappé (en vain, hélas pour elles !) à toutes les portes dans le but de faire entendre leurs voix, huit familles composées de 32 personnes (dont des enfants en bas âge et des personnes âgées), expulsées du centre spécialisé de rééducation de Birkhadem (n° 2) où elles logeaient jusque-là, ont décidé d'observer un sit-in. Ce dernier, qui a eu lieu hier en face de l'APC de Birkhadem, vise à «attirer l'attention des hautes autorités du pays et dénoncer le silence qui entoure le drame de ces familles après 60 jours dans la rue», lit-on dans le communiqué du comité S.O.S Expulsions parvenu à notre rédaction. Après s'être massés durant quelques minutes, les familles expulsées ont été invités par les agents de l'ordre à s'éloigner de quelques mètres du siège de l'APC de Birkhadem et de se mettre en face de cette dernière. «On a entendu dire que des logements allaient être distribués après le mois de Ramadhan. Selon les quelques indiscrétions qui nous sont parvenues, ces logements iront aux personnes habitant des bidonvilles. Si tel est le cas, c'est nous qui devons y habiter. Feu mon grand père a habité [et travaillé] dans le centre de Birkhadem dès l'année 1957. Nous avons même un document signé par le général De Gaulle attestant de la véracité de nos dires», nous signalera une personne faisant partie des familles expulsées. Selon notre interlocuteur, des rassemblements similaires, notamment devant le siège du ministère de la Solidarité nationale, ont été organisés par le passé. Des promesses ont été données, mais elles sont restées lette morte. A en croire les expulsées, le P/APC de Birkhadem leur a assuré qu'il se rendrait, en fin d'après-midi, au siège de la wilaya d'Alger pour y rencontrer le wali délégué et ce dans le but de trouver une solution à cet épineux problème avant le début du mois de Ramadhan. Depuis leur expulsion, les huit familles en question vivent dans des sortes de baraques de fortune (construites en contre-plaqué) juste en face du centre spécialisé de rééducation de Birkhadem. «D'aucuns avancent comme prétexte de notre expulsion le fait que nous soyons en possession de biens et de logements ailleurs. Cela est complètement faux. Que les autorités désignent une commission d'enquête et qu'ils attendent les résultats auxquels cette dernière arrivera», nous diront en chœur des personnes rencontrées sur place. Il y a quelques semaines, leur courroux est monté d'un cran lorsque le centre duquel ils ont été chassé, a été utilisé, plusieurs jours durant, comme lieu de restauration de jeunes (des émigrés et des nationaux) qui étaient en colonies de vacances. «Des responsables du ministère de la Solidarité nationale passaient quotidiennement. Personne n'a daigné s'enquérir de notre situation. Au moment où la chanteuse Bariza enflammait le centre avec ses tubes, nos enfants vivaient le calvaire au quotidien. Outre le traumatisme, beaucoup d'entre eux ont contracté de nombreuses maladies», nous diront des pères de famille. Et de conclure : «Et dire que des milliers de logements sont fermés à Alger et partout ailleurs au niveau national !» B. L.