Ramadhan est un mois plein de contradictions et d'énigmes. Même le sport n'est pas sorti indemne des palabres ramadhanesques. D'interminables discussions animent, en effet, les cafés, les rédactions et même… les mosquées, sur la possibilité ou non pour un sportif de manger durant ce mois de jeûne. Le sujet est tellement rôdé qu'il occupe une bonne partie des sujets traités ce mois-ci. Il ne se passe pas un jour sans qu'il soit abordé. Pis, une certaine presse -celle qui jeûne dans une page et s'adonne à la perversion dans l'autre- s'empare du comportement individuel de certains sportifs, notamment les footballeurs, pour en faire ses choux gras. Quelle dérive ! Un journal a même trouvé «étrange» qu'un joueur de football avoue ne pas pouvoir observer le jeûne lorsqu'il est en compétition. Un sacrilège, cela ? C'est à se demander dans quel siècle nous vivons ! Au-delà des convictions religieuses, qui doivent rester à l'échelle strictement individuelle, il n'est pas nécessaire de sortir d'une école de médecine pour se rendre compte qu'il est pratiquement impossible pour un jeûneur d'avoir les mêmes performances que quelqu'un qui s'est correctement nourri. Cela relève du bon sens. Sauf que, dans ce débat biaisé, il y a un élément qu'on a souvent évoqué : c'est que ces discussions tournent souvent mal, puisque l'atteinte à la vie privée des sportifs est trop flagrante. C'est cette maladie, strictement algérienne, qui a poussé Abdelkader Ghezzal, talentueux attaquant de l'équipe nationale de football, à se justifier sur des déclarations concernant son comportement pendant le Ramadhan. Mais de quel droit se mêle-t-on de la vie privée, de l'intimité d'un individu, joueur de football ou autre ? Veut-on le jeter à la vindicte populaire et démontrer que c'est un apostat ? Avouons que c'est grave. C'est même dangereux. Parce que afficher comme cela, de manière peu commode, la pratique religieuse d'un sportif est tout simplement regrettable. Et si un sportif ne jeûnait pas tout simplement par conviction ? N'a-t-il pas droit au respect de ses convictions ? Bien sûr que si. Mais cela doit être la règle partout. Dans les arènes sportives et en dehors. Le sujet peut paraître un peu tabou, mais il fallait l'aborder. Parler de ces comportements, devenus otages des passions idéologiques, est devenu une nécessité, un devoir. A. B.