Connexions et coupures se suivent pour des abonnés nullement responsables du conflit qui oppose un opérateur privé à Algérie Télécom. La Toile s'est assombrie devant leurs yeux pour la seconde fois depuis mai dernier pour des raisons qui leur échappent, mais qui les pénalisent. La situation s'est durcie ces derniers jours, le fournisseur d'accès à Internet privé n'ayant pas tenu son engagement de payer ses dettes. Pis, celui-ci n'honore même plus son dû mensuel, ce qui a fait s'accumuler ses créances. Algérie Télécom ne perçoit plus la contrepartie de ses services dont l'Eepad devait s'affranchir chaque mois depuis janvier dernier. Du coup, ce sont des milliers d'abonnés qui en font les frais, en subissant les coupures opérées par Algérie Télécom pour faire pression sur le provider privé. Un arrangement avait pourtant été trouvé, lorsque, en mai dernier, Algérie Télécom avait exigé le paiement des créances qui étaient de l'ordre de 2,6 milliards de dinars, et un échéancier avait alors été établi. Mais à voir la réaction de l'opérateur public qui a procédé le 2 septembre à une coupure de la connexion, le sursis accordé au mois de mai en raison des examens n'a pas été mis à profit pour l'assainissement des dettes. L'arbitrage du ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, qui a relevé que non seulement le provider privé n'a pas apuré son passif mais qu'il ne paye plus ses redevances mensuelles de 170 millions de dinars, a abouti à la décision de faire basculer les abonnés vers Algérie Télécom. Une opération qui a déjà commencé, selon les propres termes du premier responsable du secteur. La logique veut, en effet, que les clients soient tenus à l'écart du conflit, n'en étant pas partie prenante. Ils ne doivent en aucun cas être tenus en otages et en subir les conséquences en étant privés d'accès à Internet, à chaque fois que le litige se complique et que des sanctions sont prises. L'initiative est louable, il reste maintenant à savoir si la célérité sera l'un des éléments majeurs de cette opération. «Délestés» de ses clients qui, soit dit en passant, ont continué jusque-là à s'acquitter du tarif de leur abonnement, et obligé de payer ses créances, l'Eepad n'a pu que se résigner à ouvrir son capital à Algérie Télécom afin de sauver la mise par un partenariat public-privé. Proposition qui semble ne pas agréer à l'opérateur historique, du moins pour le moment. Autre conséquence qu'il ne faut surtout pas occulter, la situation des employés du provider privé qui risquent de perdre leur emploi. Plusieurs centaines de travailleurs pourraient se retrouver au chômage. La solution a été trouvée pour les abonnés, il faudra aussi penser à ces employés dont l'avenir est incertain depuis déjà plusieurs mois. Leur entreprise est en train de subir les retombées d'une gestion incertaine, il y a lieu de se demander s'il existe une issue heureuse pour son personnel. R. M.