De notre envoyé spécial à Charm El Cheikh Malik Boumati La onzième session des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine s'est ouverte hier matin dans la ville touristique égyptienne de Charm El Cheikh où les leaders du continent étaient appelés à traiter plusieurs questions qui concernent l'Afrique, notamment le thème principal de l'eau et de l'assainissement dans le cadre des Objectifs de développement du millénaire, mais aussi celles relatives à d'autres problématiques aussi importantes pour le développement du continent, comme la terrible crise alimentaire qui frappe essentiellement l'Afrique, et l'instabilité politique et sécuritaire. Après la cérémonie d'ouverture, qui a vu défiler à la tribune, outre le président en exercice de l'Union africaine, le Tanzanien Jakaya Mrisho Kikwete, le président du pays hôte Hosni Moubarak, le président de la commission de l'UA Jean Ping, le président de la Ligue arabe Amr Moussa et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, le sommet s'est poursuivi sans la presse venue en nombre mais avec des commodités loin d'être à la hauteur. Le président de la République Abdelaziz Bouteflika n'a pas manqué d'intervenir lors de ce sommet pour évoquer deux points cruciaux pour des millions de vies humaines en terre africaine, à savoir la crise alimentaire et la question de l'eau et de l'assainissement. A partir d'un constat alarmant de la situation alimentaire du continent, il fera des propositions devant les quelque quarante chefs d'Etat et de gouvernement présents à ce sommet de Charm El Cheikh. Parce que l'Afrique subit de plein fouet les effets de cette crise alimentaire mondiale, le chef de l'Etat affirme que «l'Afrique et la communauté internationale n'ont d'autre alternative que d'opter pour une coopération véritablement solidaire et porteuse d'une dynamique de développement seule à même d'éviter un approfondissement de la polarisation actuelle, dont la crise alimentaire est, précisément, l'un des effets les plus immédiats», avertissant que les indignations seraient vaines, notamment dans la perspective d'éviter les débordements et instabilités que la faim et la famine peuvent engendrer. Tout en appelant la communauté internationale à lancer un véritable plan d'action mondial avec deux objectifs précis : réduire de moitié d'ici à 2015 le nombre de personnes sous-alimentées et assurer un doublement de la production alimentaire mondiale d'ici à 2050, le chef de l'Etat estime qu'il appartient, d'un autre côté, aux Africains d'œuvrer au plan interne «à développer des politiques nationales en mesure de doter nos pays de marges d'action pour faire face aux retournements de conjoncture». «Il sera aussi indispensable de procéder à la modernisation de nos agricultures et à l'amélioration de ce secteur», ajoute encore Bouteflika qui n'omettra pas de signaler la nécessité de mettre en œuvre les mesures et les projets que les pays africains ont déjà identifiés pour assurer la relance de l'agriculture, notamment aux décisions sur les fertilisants ou le programme CAADP pour le développement de l'agriculture africaine inscrit au titre du Nepad. D'autre part, et en abordant le thème des Objectifs de développement du millénaire relatifs à l'eau et à l'assainissement, le président de la République prône l'orientation et en priorité l'aide internationale au développement vers la réalisation des infrastructures d'eau potable et d'assainissement, non sans exhorter les pays africains à parler d'une même voix lors du prochain forum mondial de l'eau, en appelant notamment les partenaires à honorer leurs engagements en termes d'aide au développement et de lutte contre la pauvreté. Il souhaite également que les Africains soutiennent et renforcent le fonds «Facilité africaine pour l'eau» domicilié à la Banque africaine de développement afin «d'appuyer de façon adéquate les pays en difficulté en matière de réalisation d'infrastructures d'eau potable et d'assainissement ainsi que dans la gestion intégrée de la ressource hydrique» et qu'ils développent une approche transfrontalière de la gestion des ressources hydriques superficielles et souterraines, en donnant l'exemple de l'Algérie, de la Libye et de la Tunisie. «Nous lançons un appel à tous nos partenaires pour qu'ils s'associent à nos efforts et contribuent pleinement à cette œuvre aussi déterminante pour le bien-être de l'homme africain qu'indispensable pour le progrès humain en général», conclut le chef de l'Etat qui prononcera probablement un discours aujourd'hui sur la paix en Afrique.