La compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach «maintiendra son programme d'investissement», estimé à quarante-cinq (45) milliards de dollars d'ici à 2012. Toutefois, certains projets actuellement «en cours de maturation pourraient être gelés» si la chute des cours du pétrole se prolonge. Cette déclaration est du P-DG de Sonatrach, Mohamed Meziane. Il l'a faite il y a quelques mois, sur les ondes de la radio nationale. Elle rejoint des déclarations du ministre de l'Energie et des Mines, sur le même sujet. La compagnie nationale est, en tout cas, appelée à se préparer à toute éventualité parce que la crise financière n'est pas finie. Le gel dont parlait le premier responsable de Sonatrach pourrait concerner «les projets qui sont en cours de maturation et qui n'ont pas encore été attribués, notamment dans la pétrochimie». Et parmi les projet dans les «cartons», on peut citer celui du complexe d'aluminium à Beni Saf, «à l'étude», un projet présenté comme très important. Le programme d'investissement en question s'étalera sur la période 2008-2012. C'est une sorte de «plan d'action» que la compagnie nationale doit réaliser seule ou en association à raison de huit milliards de dollars par an. Les assurances exprimées par Mohamed Meziane l'ont été au moment où les cours du brut chutaient. A l'heure qu'il est, la donne a relativement changé, le marché pétrolier s'étant repris. Le patron de Sonatrach estime qu'il faut maintenir inchangé le planning d'investissement, parce que celui-ci concerne le développement des capacités de production (2/3 des projets sont dans l'amont, c'est-à-dire la recherche, la production et l'exploitation, 20% dans le transport). Le défi semble réalisable, car les capacités de financement existent et au niveau de la compagnie nationale des hydrocarbures et au niveau des banques nationales. A l'international, il n'est pas question non plus de toucher au programme arrêté. Le groupe prévoit un investissement de 1,5 milliard de dollars dans l'objectif d'en tirer 30% de ses recettes à l'horizon 2015. «C'est un investissement risqué mais il sera maintenu», affirme Mohamed Meziane dans une de ses déclarations récentes. Sonatrach est présente dans beaucoup de pays comme le Pérou, la Libye, la Mauritanie, la Tunisie… Elle a déjà ouvert des sociétés de commercialisation de GNL en Espagne et en Italie. Courant 2009, elle entend en ouvrir d'autres. Par contre, en raison de la crise financière, les compagnies pétrolières et gazières étrangères s'intéressent moins à l'investissement dans le secteur des hydrocarbures en Algérie. Le dernier avis d'appel d'offres en date qui avait mis en concurrence une bonne palette de périmètres d'hydrocarbures n'a pas suscité l'engouement de beaucoup de sociétés. L'appel d'offres s'est terminé par l'attribution de seulement quatre périmètres. Quatre contrats ont été ainsi répartis entre l'italienne Eni, la russe Gazprom, la britannique British Gaz, et l'allemande EON Rhurgha. Les attributaires, ont déjà signé les contrats d'exploration avec l'Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft).C'était la première opération d'octroi de périmètres pétroliers dans le cadre de la nouvelle loi sur la législation pétrolière votée par le Parlement en 2006. Dans la liste des attributaires figure un gros calibre dans l'industrie gazière : Gazprom. Le géant russe, s'est implanté en Algérie. Il a inauguré, il y a quelques mois, son premier bureau de représentation à Alger, confirmant ainsi son intérêt pour l'Algérie où il ambitionne d'investir dans le gaz, un secteur en plein développement avec le lancement de nombreux projets d'envergure. Le groupe russe discute également avec Sonatrach pour le lancement de projets communs en Algérie et en Russie. La société nationale des hydrocarbures Sonatrach et le géant russe vont essayer de signer un nouvel accord pour coopérer dans des projets énergétiques. Sonatrach pourrait notamment s'appuyer sur Gazprom pour s'implanter en Russie et investir dans le GNL. Tout comme Sonatrach qui a vu ses revenus chuter et ses résultats nets diminuer, du fait de la crise financière et du recul des cours du brut, Gazprom a vu son bénéfice fondre au premier trimestre 2009, de… 61% à 2,4 milliards d'euros. Le chiffre d'affaires progresse, lui, de 2%. Gazprom rouvre le marché en euros de la dette d'entreprises russes. E.ON conclut un accord pour un gisement de gaz en Sibérie. L'appétit pour le crédit «corporate» émergent refait son apparition. ENI s'apprête à céder sa participation dans Gazprom Neft. Le russe Sourgout s'invite chez le raffineur hongrois Mol pour 1,4 milliard d'euros. Gazprom n'a publié que récemment les résultats du premier trimestre clos fin mars. Le bénéfice net du gazier russe a chuté de 61% à 110 milliards de roubles (2,4 milliards d'euros), un résultat néanmoins supérieur aux 85 milliards du consensus Reuters et aux 75 milliards du consensus Bloomberg. Le résultat d'exploitation a reculé de 23% à 283 milliards de roubles, notamment sous l'effet d'une progression de 19% des charges d'exploitation à 649 milliards. Une hausse due à la flambée du coût du gaz acheté, en bond de 174% à 179 milliards de roubles avec l'augmentation des prix du gaz d'Asie centrale et l'accroissement des achats de gaz en Europe. Y. S.