Impressionnant ! Le spectacle a littéralement cloué les spectateurs dans leurs fauteuils et leur a imposés le silence jusqu'à la sortie du dernier derviche tourneur. C'était vendredi dernier à la salle Atlas, dans le cadre des soirées Inchad organisées depuis le début du mois de Ramadhan par l'Office national de la culture et de l'information. Les derviches (du persan darwish qui veut dire pauvres en Dieu) tourneurs de Konya, ces adeptes soufis de cheikh Djallal Eddine Roumi, le maître spirituel de l'ordre, ont épaté le public avec les manifestations de leur rite religieux. La danse est pour eux un moyen de communion avec Dieu. La première partie de la soirée est assurée par un orchestre de chants et musiques soufis. Les artistes charment les présents avec une musique envoûtante que des oreilles occidentales qualifieraient de jazz. Le concert donne l'impression de s'inscrire dans le genre instrumental jusqu'au moment où le vocaliste entonne le premier morceau avec une voix puissante et captivante. Les musiciens l'accompagnent avec quelques solos qu'offrira le joueur de qanoun qui effectuera un admirable solo. Accompagné du violoncelliste, ils créent une ambiance mystique. L'ensemble revisitera le répertoire des chants religieux soufis. Le public salue la performance avec force applaudissements. L'animateur revient pour présenter la deuxième partie et précise à l'intention des spectateurs qu'il leur est demandé de n'applaudir qu'à la fin du spectacle pour ne pas perturber les danseurs qui sont concentrés. Le premier apparaît sur scène, effectue une prière et dépose un tapis rouge à même l'estrade. Les douze danseurs entrent en scène, s'alignent et s'agenouillent face au public. Ils sont vêtus de longs burnous noirs qui cachent une tenue d'un blanc éclatant, portent de grands couvre-chefs de forme conique. L'orchestre joue en boucle un morceau. Les danseurs à genoux se concentrent avant de se lever lentement l'un après l'autre. Ils forment un cercle. Saluent le maître de cérémonie et se saluent entre eux avant de se mettre à tourner en cercle. Les spectateurs, les yeux rivés sur les danseurs, observent un silence… religieux. Les danseurs s'arrêtent, s'alignent de nouveau et tombent les burnous pour apparaître dans des tenues immaculées. Ils avancent l'un après l'autre et se mettent à tourner sur eux-mêmes. Main droite ouverte levée vers le ciel, la gauche pend vers le sol, tête penchée du côté droit et les yeux clos, les huit danseurs continuent de tourner. La musique s'arrête. Les danseurs se remettent en rang. Le maître de cérémonie procède au changement de deux, trois ou quatre danseurs avant que les rondes ne reprennent de plus belle. Les danseurs remettent leurs capes et s'alignent. Le spectacle est clôturé par des louanges à Dieu et à son prophète, des versets coraniques et sourat el Fatiha. Le dernier derviche sorti, d'un pas lent, c'est un tonnerre… d'applaudissements. W. S.