Le mois de jeûne s'achève après avoir rudement éprouvé les nerfs et fortement ratatiné les bourses. Arrive enfin la délivrance avec l'Aïd, qu'on attend pour dimanche ou lundi prochain (on fera encore semblant d'observer la rituelle nuit du doute et la traditionnelle observation du croissant, à l'heure où s'établissent, à la seconde près, toutes les variations dans les révolutions solaire et lunaire du calendrier). Mais la délivrance ne sera qu'éphémère. La joie sera bien vite douchée par la réalité du jour. Car une fois le café bu et la cigarette grillée, il faudra tout de suite se mettre à courir les rues et les quartiers pour dénicher le moindre produit de consommation dont on aurait besoin et que par malheur on aurait oublié d'acheter la veille, le pain et le lait particulièrement. Et si d'aventure boulangers et laitiers jouent le jeu et respectent les engagements de Giplait et du syndicat des boulangers qui promettent la disponibilité du lait et du pain durant les deux jours de l'Aïd, il restera toujours le problème des transports. Se déplacer le jour de l'Aïd devient une véritable épreuve, surtout pour les familles nombreuses. En fait, le problème ne se pose pas en termes de disponibilité de lait, de pain et de transports, mais d'organisation de l'activité économique au sein des ensembles urbains. Que l'activité commerciale se ralentisse les jours de fête c'est normal, mais là c'est des villes fantômes que nous avons les jours de l'Aïd, le reste de l'année aussi d'ailleurs. Il n'y a pas plus triste que les soirs dans nos villes éteintes, au propre et au figuré. Des touristes débarquant dans la capitale le soir seraient vite tentés de rebrousser chemin. Noctambules s'abstenir de visiter les villes algériennes. Dire qu'il suffirait d'une petite décision d'un édile ou d'un responsable local pour que nos villes s'illuminent et revivent… H. G.