Photo : S. Zoheir Par Billal Larbi «Lâchez un œuf et il ne tombera pas par terre !» C'est en ces termes que s'adressera à nous un sexagénaire rencontré au marché Bab Errahba de Blida, auquel nous avons demandé son avis sur le déroulement de l'opération relative aux achats à la veille de l'Aïd. Evidemment, notre interlocuteur faisait allusion à la marée humaine qui a pris d'assaut le célèbre marché situé en face du stade de Blida. Malgré leurs bourses saignées à blanc par les dépenses ramadhanesques, les gens n'arrêtent pas le «feuilleton achats», se bousculant au portillon des boutiques de prêt-à-porter et de jouets à la recherche de bonnes affaires, à quelques jours de l'Aïd El Fitr. Pour les mômes, tradition oblige, ils sont habitués à s'habiller de neuf à cette occasion. Les scènes faites d'enfants qui supplient leurs parents et des parents qui s'emportent (car n'ayant pas les moyens pour des achats onéreux) sont légion. Il reste que ce sont les porte-monnaie qui en prendront un autre coup après celui de la rentrée scolaire. A la veille de cette dernière, le rush était si grand qu'il était, pour beaucoup, pratiquement impossible de sortir du marché une fois leurs achats terminés. Toutes les issues étaient bouchées. Il fallait tourner en rond, jouer des coudes pour pouvoir quitter l'enceinte du marché. Connu pour ses prix relativement abordables, le marché de Bab Errahba constitue assurément le point de mire de milliers de personnes, particulièrement en ces derniers jours de Ramadhan. On y vient d'un peu partout. Il va sans dire que l'engouement atteint son apogée une semaine avant l'aïd. Accompagnés de leur progéniture, les parents tentent «nerveusement» de dénicher la bonne affaire. Une cohue indescriptible règne. «Djouzou ya aadjayiz ou ya aayariss» (bienvenue grands-mères et sœurs), lancera un jeune vendeur à l'adresse d'un groupe de femmes. Un autre rétorquera par un «diri l'affaire ya m'r» (réalisez une affaire, madame). Il est vrai que la gent féminine constitue une grande partie des visiteurs. «Je suis venue à ce marché en vue d'y acheter des habits pour ma jeune fille et ma grand-mère. Pour la petite, j'ai pu, non sans peine, dénicher une belle robe dont le coût est de 1 500 dinars. Je suis certaine qu'ailleurs, je serais obligée de débourser, au minimum, 500 dinars de plus. Il faut dire qu'avec ce flux de citoyens, il est quasiment impossible d'avancer plus loin, d'autant que je suis un peu en retard pour la préparation du f'tour. Pour ma grand-mère, je crois que je reviendrai demain. Il y a de belles choses qui sont proposées mais il faut avoir suffisamment de temps pour faire le tour des magasins», nous dira Ghania, une jeune maman venue d'El Affroun pour la circonstance. Pour les prix, les choses diffèrent d'un commerçant à un autre. Le pantalon varie entre 1 000 et 1 500 DA, voire plus selon l'âge et la taille. Un modeste tee-shirt coûte pas moins de 1 000 DA, alors que de simples chaussures se vendent entre 1 500 et 2 000 DA. «Je suis presque à sec pour terminer ce mois, même si en matière de cuisine, j'ai fait preuve de retenue. Mon gosse, aujourd'hui âgé de 7 ans, me réclame des souliers. Pour les gâteaux, je ne prépare rien cette année, je n'ai pas les moyens d'acheter les amandes ou les cacahuètes», nous dira une enseignante. Comme elle, bien d'autres familles sont dans la même situation et doivent faire des acrobaties pour parvenir à joindre les deux bouts et gérer toutes ces dépenses. Malgré tout, saha Aïdkoum !