Les travaux du Sommet des pays les plus industrialisés de la planète (G8), desquels les nations les plus pauvres du continent africain attendent beaucoup qu'ils contribuent à enrayer la crise alimentaire mondiale, s'ouvriront demain à Toyako, dans l'île septentrionale japonaise de Hokkaido. Hokkaido (Japon) : De notre envoyé spécial Ces deux dernières années, les prix du blé, du maïs et de la viande à l'échelle internationale ont augmenté respectivement, en effet, de 152%, 122% et 20%, causant des débuts de famines et des émeutes du pain dans de nombreuses régions d'Afrique. L'événement sera accueilli par le Windsor Hotel Toya, un luxueux établissement privé bâti au début des années quatre-vingt-dix et placé pour la circonstance sous haute surveillance. Isolé dans les montagnes sauvages de Hokkaido et surplombant le lac volcanique Toya, l'hôtel Windsor est planté dans un décor féérique. Le Windsor Hotel Toya qui a la forme d'un immense trapèze blanc comprend quelque 400 chambres de style occidental ou japonais, une source thermale volcanique, ainsi que onze restaurants. Depuis l'annonce, il y a un an, que le sommet du G8 s'y déroulerait, l'hôtel a accueilli de nombreux curieux, même si les prix des chambres sont totalement dissuasifs. Les tarifs pour une nuitée oscillent entre 35 700 yens (213 euros) pour la chambre la plus simple en basse saison, et 1,365 million de yens (8175 euros) pour 24 heures de rêve dans la « grande suite présidentielle » de 230 m2 avec baies vitrées et vue plongeante sur le lac Toya et l'océan Pacifique. Depuis une autre façade de l'hôtel, il est possible d'admirer le sommet encore fumant du volcan Usu. En mars 2000, l'hôtel, signale-t-on, fut complètement recouvert par les cendres de ce volcan dont l'éruption entraîna d'ailleurs l'évacuation de 13 000 habitants des environs. Sécurité oblige, les représentants des médias internationaux venus nombreux à Toyako se verront contraints de suivre l'événement uniquement par vidéo-conférence. Ils seront logés dans un hôtel, le Rusutsu Resort, une station d'hiver célèbre située à une bonne trentaine de kilomètres du lieu du déroulement du Sommet du G8. Cette mesure sécuritaire draconienne s'explique par le fait que des milliers de militants altermondialistes japonais et étrangers ont prévu de se rendre à Hokkaido pour manifester contre le tenue du Sommet et la mondialisation. Pour prévenir les risques de dérapages ou d'attentats, les autorités japonaises ont déployé d'impressionnants escadrons de police. Quelque 21 000 agents devaient prendre place dans les principales localités de Hokkaido. Déjà ou mois de mai dernier, il était, pour ainsi dire, difficile d'accéder à l'hôtel Windsor sans être accompagné par un officiel japonais. Le Japon, qui préside cette année le G8, compte faire du développement de l'Afrique un des thèmes dominants du Sommet de Toyako. Le soutien de l'empire du Soleil-Levant au continent africain avait été déjà réitéré par le Premier ministre japonais, Yasuo Fukuda, lors des travaux de la TICAD IV qui se sont tenus à la fin du mois de mai dernier à Yokohama. Pour ce faire, le gouvernement japonais a invité à cet événement les dirigeants de sept pays africains (Afrique du Sud, Algérie, Ethiopie, Ghana, Nigeria, Sénégal, Tanzanie) et le président de l'Union africaine. A signaler en outre que les dirigeants de l'Inde, de la Corée du Sud, de la Chine, du Brésil, du Mexique, de l'Indonésie et de l'Australie ont été invités à suivre une partie des débats. D'ores et déjà, la presse japonaise a annoncé qu'un groupe de travail pour la lutte contre la crise alimentaire dans le monde devrait être créé lors de la réunion du G8. Citant des sources gouvernementales, le quotidien Yomiuri Shimbun a indiqué que « ce groupe de travail planchera sur la possibilité de lever quelques restrictions aux exportations qui empêchent les pays pauvres d'accéder aux excédents alimentaires des pays riches ». Selon toujours le même journal, le groupe de travail du G8 œuvrera également à l'augmentation de la production agroalimentaire dans le monde et de l'aide alimentaire d'urgence destinée aux populations les plus pauvres et aux réfugiés. Les pays industrialisés du G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Russie) devraient par ailleurs confirmer, lors de ce Sommet, leur promesse - prise en 2005 Gleneagles en Ecosse - de doubler l'aide à l'Afrique de 25 milliards à 50 milliards de dollars d'ici 2010. De son côté, la Banque mondiale (BM) avait, rappelle-t-on, établi en avril dernier un fonds de 1,2 milliard de dollars US destiné aux pays les plus affectés par la crise alimentaire, en accordant une aide initiale de 200 millions de dollars US.