Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine A. Lemili Il y a trois ans, nous considérions dans ces mêmes colonnes qu'il existait très peu de chances pour que les intentions conjuguées des ministres de la Culture et de l'Education nationale en restent justement au stade de l'intention.Une année auparavant, une escouade de cadres du ministère de l'Education nationale a fait une descente dans la ville des Ponts et investi une suite de classes du lycée El Houria, mobilisé des dizaines d'enseignants principalement parmi ceux qui avaient des accointances avec les arts, notamment le quatrième, et, pour les encadrer, une brochette de comédiens réputés du Théâtre régional de Constantine (TRC).La formation de très courte durée devait, en fait, permettre à ces enseignants prédisposés, semblait-il, d'acquérir au minimum le B.A.-BA de l'art, d'illuminer les planches et, plus particulièrement, celui de déclamer, la gestion des espaces (déplacement) ainsi que la chorégraphie des ouvements. Quatre années après ce «plan Marshall» culturel qui devait aider à l'émergence, d'abord, d'une nouvelle génération d'enfants plus portée vers la culture et les arts, voire tout bonnement l'art de vivre ou de réapprendre à vivre, compte tenu des quinze années de turbulences sociopolitiques qui avaient pratiquement laminé la société et lobotomisés les esprits et, ensuite, donner, pourquoi pas, l'opportunité à des talents dormants de s'exprimer, la situation est identique. Autrement dit, rien n'a bougé. Les enfants devant se contenter des manifestations du printemps théâtral ou des visites ponctuelles du musée, de la cité antique de Tiddis pour savoir qu'il a existé ou existent des civilisations rayonnantes autres que constantinoises.Pratiquement au cours de la même année 2006, le wali de Constantine s'étonnait de la démission des associations de parents d'élèves et de leur peu de propension à exiger un cahier des charges aux directions des établissements scolaires en matière d'activités culturelles et artistiques. Les rares associations à s'y être intéressées se sont toutes bousculées pour créer des clubs d'informatique. Et pour qui sait à quoi pense et où va un enfant quand il a un micro-ordinateur en face de lui, il est aisé de déduire que la solution choisie a plus de chances de produire un «mutant» qu'une intelligence supérieure et qui est plus est, artiste sur les bords. Il se trouve que, dans des lieux littéralement enclavés, quelques enseignants à partir d'initiatives personnelles encouragent leurs élèves à s'intéresser à la lecture de contes de Grimm et autres histoires d'un monde onirique à souhait pour, ensuite, les adapter en classe. Mais est-il sincèrement possible de croire, ne serait-ce qu'un seul instant, que l'enseignement des arts dans les établissements scolaires pourrait un jour devenir réalité ? Cela relève de l'invraisemblable dès lors que même les établissements privés qui, logiquement et pour être encore plus attractifs, devraient avoir une propension naturelle pour ce faire, ne l'ont pas dans leur programme. C'est dire si le plus important pour tout le monde est ailleurs.