Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine A. Lemili «Où qu'il pourrait être creusé, il se trouve à chaque fois des vestiges de civilisations qui à un moment de l'histoire de Cirta ont eu à faire le siège ou occuper la cité, voire seulement transiter. Ce qui est visible n'est, passez-nous l'expression, que la partie visible de l'iceberg. La situation est telle que très souvent des personnes à la tête d'institutions craignent qu'on découvre par inadvertance des vestiges, notamment lors de travaux de réalisation de logements et autres édifices», déclare d'entrée de jeu Djamel A., une sorte d'Indiana Jones local dont le dada est de sillonner la ville à la recherche de témoins du passé. Une question de plaisir personnel. Notre interlocuteur ajoute que cette crainte se justifie par «les difficultés des responsables locaux à assurer la prise en charge de nouveaux sites au moment où ceux déjà existants sont en déshérence». Pourtant, en décembre 2005, le décret exécutif 5-488 paru dans le JO n°83 du 25-12-2005, mettait de l'ordre dans un créneau livré à lui-même depuis 1990, les turbulences de la tragédie nationale justifiant évidemment le non-respect, voire l'oubli des dispositions du décret 10 paru le 6 janvier 1987. L'Agence nationale d'archéologie et de protection des sites historiques a été décomposée en quatre offices, dont l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés. Du «blanc bonnet, bonnet blanc» autrement formulé. L'une des mesures importantes du texte est l'obligation pour la tutelle ou l'organe agissant d'«assurer la maintenance, l'entretien et le gardiennage des biens culturels protégés qui lui sont affectés». Mais c'est la grande disette. «Le seul site que nous parvenons à entretenir un tant soit peu est celui de Tiddis. Heureusement que les recettes saisonnières, surtout au printemps, permettent de faire face à une partie des charges», dira Mme Habiba B. en l'absence de son chef hiérarchique. Le site de Tiddis, un joyau historique unique en son genre, une sorte de Pompéi dans l'est du pays, arrive encore à avoir ses fans dans la mesure où les gens se bousculent vraiment pour s'y rendre, sauf que les moyens d'y aller ne sont pas accessibles aux petites bourses compte tenu de la voracité des transporteurs privés et l'absence d'une prestation publique en ce sens. Les transporteurs privés n'exigent pas moins de 7 000 DA pour un bus et une rotation sur un rayon de 35 kilomètres. Or, une autre disposition du nouveau texte stipule dans le cadre de la mission de l'office qu'il faut «assurer l'animation culturelle au sein des biens culturels protégés qui lui sont affectés par l'organisation de spectacles et de manifestations diverses (rencontres scientifiques et culturelles, séminaires, colloques, festivités, cérémonies religieuses et civiles)». Ce qui est quand même une incongruité compte tenu de la réalité. Pis, selon Mme B. H., «les quelques agents qui sont employés par l'office n'ont même pas les moyens de travailler sur le lieu même du travail. C'est juste si l'autorité centrale arrive à payer les salaires régulièrement». Devant une telle indigence, le citoyen lambda ne peut que s'étonner, face au contenu pompeux du texte réglementaire de 2005, de la désignation d'un conseil d'administration impressionnant dans sa composante et du nombre de membres qui y siègent (17, dont essentiellement le ministre de la Culture ou son représentant, du ministre de la Défense ou son représentant, du ministre de, etc.). Et cela au moment où il ne se trouve pas un copeck dans les caisses de l'organe représentatif de l'office à l'échelle locale, lequel finalement ne fait même pas office de caisse de résonance.