De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi En l'absence de structure assurant le suivi parascolaire dans chaque ville et région, et vu le déficit en encadrement, on serait en droit d'avancer que l'éducation musicale demeure une simple curiosité pour les élèves en dépit du programme somme toute intéressant tracé par le ministère. Le système éducatif version Benbouzid ne semble pas en mesure de se pourvoir de limites même provisoires pour tirer des conclusions sur son éventuel échec ou réussite. Cet empressement du changement parfois sans discours approfondi laisse la mesure ouverte avec des lacunes, voire des imperfections, altérant d'un dièse même les cours pédagogiques «de passion». Au moment où l'éducation artistique devait être généralisée, notamment dans les cycles moyen et secondaire, il est des établissements qui battent de l'aile. La cause en est qu'ils ne disposent pas tous d'enseignants. Il faudrait attendre la sortie d'autres promotions… Une irrégularité qui partage le programme unifié établi par la tutelle. Depuis son passage aux normes de la réforme éducative, l'éducation musicale suit son chemin avec une cadence entrecoupée de soupirs. En d'autres termes, ces paliers enseignent cette matière selon le programme national dès la première année moyenne et tout au long du cursus. Mais il arrive, parfois que des interruptions surviennent faute d'un encadrement quantitatif. De ce fait, des écoles se passent involontairement de cette matière, la rendant insignifiante aux yeux des parents et des disciples eux-mêmes. Une situation qui devrait être prise en main par les responsables en vue d'entrevoir une solution vu le peu d'engouement affiché pour cet art. Si le cycle du moyen en souffre quelque peu, il n'en demeure pas moins que le secondaire est caractérisé par une défaillance criante dès lors que le diplôme requis pour enseigner est la licence en musique délivrée par l'Institut des arts de Kouba. De plus, il faut être bachelier pour pouvoir s'initier à la musique et l'enseigner par la suite.Par ailleurs, cette lacune a été aggravée ces deux dernières années par l'absence de formation –on évoque ici le cas de Constantine – au niveau de l'institut Meriem Bouatoura spécialisé dans la formation des professeurs d'enseignement moyen (PEM) qui ne daignent pas se perfectionner à Alger pour gravir l'échelon du PES. Il n'empêche que les ressources existantes sont aptes et renferment des compétences certaines, estime un inspecteur d'académie. «Les enseignants sont hautement qualifiés. La formation de deux années qu'ils ont suivie à l'institut de Constantine leur permet, en effet, de maîtriser le sujet sans aucune difficulté d'ordre pédagogique», confie la même source. Et d'ajouter : «Toutefois, leur nombre demeure disproportionné face à la multiplication des établissements.» En ce qui concerne les chapitres prodigués, on notera l'écoute musicale, le solfège et la théorie, le chant détente, l'hymne national… En somme, c'est un module beaucoup plus d'éveil qui est enseigné mais cela ne veut pas dire qu'il s'agit d'un horaire facultatif, car l'élève en recevra l'essentiel qui en fera, en cas d'études poussées au conservatoire, un artiste «frôlant le profil» de musicien professionnel. De surcroît, les examens artistiques comptabilisés dans l'année scolaire détiennent leur coefficient, quoique facultatif, épousant le degré «1», mais qui pourrait bien combler un quelconque déficit dans les autres matières. C'est dire que l'éveil dépasse sa simple appellation d'ouïe et de détente. Alors que la majorité des élèves, les moins férus des arts, prennent cette discipline pour un passe-temps comme c'était le cas pour l'enseignement de l'histoire et de la géographie dans les branches scientifiques des classes de terminale de jadis, et ce, avant de les imposer au finish de la scolarité. Sur un autre registre, la nature de l'éducation musicale en tant qu'enseignement pédagogique, donc théorique à presque 100%, laisse peu d'enthousiasme aux élèves pour s'essayer aux instruments, ce qui rendrait la spécialité assez intéressante. A ce sujet, on apprend par un enseignant artiste que «les établissements n'ont pas besoin de grands moyens pour assurer le programme établi par la tutelle. C'est beaucoup plus pédagogique. De plus, une école ne peut se permettre un piano à 10 millions de centimes à la demande d'un professeur. Là, aussi, c'est une question de priorité». Ainsi, le strict minimum en matière d'instruments devrait être disponible dans les classes pour garantir les études. Le plus souvent, c'est la flûte à bec qui constitue l'outil de base des PEM, car elle leur a permis d'acquérir des notions au niveau de l'institut. Une utilité justifiée également par son coût abordable et son poids. En revanche, les professeurs qui veulent pousser la pédagogie vers la passion instrumentale peuvent mettre sur pied des «clubs» actifs durant les après-midi libres et initier davantage les férus aux divers instruments mis à la disposition par des «professeurs» mécènes… Une chose est sûre, cependant, certifient les enseignants : les élèves qui suivent la théorie en classe pourraient facilement s'intégrer plus tard dans les conservatoires et opter pour l'instrument de leur choix. Malheureusement, la chance artistique ne sourirait pas aux férus faute de conservatoire, ou même d'un cercle «jeunesse» dans leur fief… Ainsi, les notes apprises à l'école demeureront à jamais des noires, des croches, uniquement jouées en guise d'un silence faute d'une structure adéquate.