Photo : Riad De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Médecine du travail, œuvres sociales et revalorisation des salaires. Par ces revendications propres aux acteurs de l'éducation, on se demande où se trouve la part destinée à l'enseignement proprement dit. Quelle place occupent l'élève, les programmes et la situation des classes et des écoles dans cette plateforme de revendications purement socioprofessionnelles ? Aucune. L'entame de l'année scolaire aux couleurs rose et bleue n'aura pas vraiment souri aux pprenants qui, d'emblée, se sont vu confrontés aux problèmes liés aux tabliers imposés par la tutelle. Aujourd'hui, leur préoccupation dépasse largement cet habit… superficiel. Avec la succession des grèves, l'année blanche se profile à l'horizon et le ministère tarde à trancher catégoriquement. Des arrêts de travail paralysent les trois paliers et menacent d'hypothéquer l'année scolaire qui, si elle n'est pas déclarée blanche, ne sera pas pour autant bouclée dans les meilleures conditions, avec des programmes non seulement finalisés mais surtout bien inculqués et bien assimilés.Si? pour le premier trimestre? le recours à des séances de rattrapage, les samedis, avait permis de résorber quelque peu les retards accumulés à cause des grèves, le débrayage d'une semaine reconductible a, d'ores et déjà, chamboulé les programmes. Une situation qui n'a pas laissé indifférentes les diverses associations de parents d'élèves qui songent à trouver une issue sans surcharge pour mettre à jour les classes, notamment celles d'examens. Pour cela, la fédération nationale ne devrait pas caresser dans le sens du poil comme elle le fait souvent. Elle doit secouer le cocotier pour permettre aux élèves de recouvrer leurs séances ratées, sans contraintes supplémentaires. Les récents conclaves sur le suivi et la coordination pédagogique tenus à travers le territoire national ont soulevé cette problématique. «On doit revoir le volume horaire à la baisse et ce, pour pouvoir récupérer les heures perdues», devaient approuver à l'unanimité les responsables du secteur. Toutefois, cette suggestion n'implique pas les heures perdues suite aux débrayages récurrents. De là on serait en mesure d'avancer que les programmes seront achevés difficilement et les élèves craignent déjà le bourrage. «On sait pertinemment qu'aujourd'hui ou demain les enseignants vont reprendre du service. Mais le problème réside dans la célérité avec laquelle les matières vont être abordées. Les perdants dans tout cela sont évidemment l'élève et ses parents. Car ces derniers devraient lui trouver des solutions quitte à l'inscrire chez ces mêmes enseignants ‘‘grévistes''», diront des parents d'élèves, écœurés par ce malaise qui caractérise un secteur aussi sensible que celui de l'éducation nationale.Sur un autre plan, il faut souligner qu'une lueur d'espoir s'affichait au lendemain de l'annonce par la tutelle de la résolution de la crise. Malheureusement, décortiqués, les desseins ont replongé les plus optimistes dans un doute profond. «C'est un leurre !» jugeaient? unanimes? les syndicats de Constantine. Egoïsme ou tentative d'acculer le département de Benbouzid. Les contestataires semblent avoir sacrifié des élèves et, par ricochet, la conscience professionnelle. «Ils ont eu ce qu'ils voulaient, que cherchent-ils encore ? Mieux, nos enfants sont soumis à des cours de soutien car ils ne comprennent pas parfaitement les cours dispensés à l'école où le copier-coller domine, notamment quand il s'agit de préparer des exposés et autres investigations scientifiques. Le plus déplorable est que ces mêmes enseignants entérinent des recherches tirées de sites web sans que l'élève ait eu à les étudier sérieusement», martèle un autre parent d'élève. Sur un autre chapitre, l'éducation n'est pas seulement tributaire de problèmes socioprofessionnels. D'autres éléments sont aussi indispensables pour assurer un programme scolaire sans lacunes ni faiblesses aux élèves. Cependant, à ce sujet, les syndicats demeurent muets. Personne ne pipe mot sur la surcharge des classes et des emplois du temps, l'absence de cantine et/ou de chauffage, de transport scolaire. En matière de santé, au moment où les syndicats débattent de la médecine du travail, il est des élèves à la dentition affectée qui peinent à se procurer un appareil dentaire, d'autres souffrant de maladie des yeux… En somme, les différents syndicats ont péché par omission, voudrions-nous croire. En effet, ils auraient dû intégrer dans leurs revendications tous les problèmes, manques et boulets empêchant l'école algérienne de devenir cette véritable institution éducative qui forme les artisans du pays et de son avenir. De la surcharge des programmes à l'insécurité qui règne aux alentours des lycées, CEM et écoles primaires, en passant par le surnombre d'élèves dans les classes, l'absence de transport et de conditions de travail (chauffage, cantine scolaire, loisirs…), ce sont autant de carences qu'ils appartient aux enseignants, en premier lieu, de dénoncer, faute de réfléchir et de faire des propositions de solutions et autres remèdes. De surcroît, a-t-on réellement réfléchi à combattre la toxicomanie qui est désormais entrée au sein de l'école algérienne ? En définitive, de bonnes conditions socioprofessionnelles garantissent, il est vrai, une qualité exemplaire de l'enseignement. Mais, en contrepartie, lorsque la scolarité est menacée, des concessions sont plus que requises de part et d'autre… pour sauver l'année et ne pas sacrifier toute une génération sur l'autel des intérêts étroits et des calculs politiciens.