Destinée aux pauvres, aux nécessiteux qui possèdent trop peu pour vivre d'une manière décente ainsi qu'aux surendettés, la zakat (ou aumône) qui, comme tout un chacun le sait, constitue le troisième pilier de l'islam, est une institution socio-religieuse. Son rôle consiste à mettre un peu de baume au cœur de ceux qui n'ont pas été épargnés par les vicissitudes de la vie. D'un point de vue purement spirituel et religieux, la richesse en islam est beaucoup plus perçue comme une épreuve que comme un bien en soi. Le riche doit assumer ses responsabilités dans la cité et contribuer à alléger les souffrances de ses semblables et ce, en s'acquittant de la zakat, laquelle va de pair avec la foi et la piété des croyants. Son rôle principal consiste à purifier le croyant de son éventuelle attirance malsaine pour les biens, outre la limitation de l'avarice et de la convoitise. Sur un autre registre, la zakat favorise l'investissement de biens, lesquels sont, comme cela est connu, exemptés d'impôts. C'est dans ce cadre qu'entre la création de bâtiments publics utiles : écoles, hôpitaux… La valeur de la zakat constitue 2,5% de l'argent dont dispose le riche. Il est nécessaire qu'une année se soit écoulée (à compter de la date de l'appropriation) avant que cette aumône soit donnée aux pauvres. Outre la zakat ordinaire, il y a lieu de relever un autre type de zakat, celle qui intervient à la fin du mois de Ramadhan. Celle-ci est connue sous le nom de zakat el fitr. Cette dernière a été prescrite pour purifier le jeûneur de ce qu'il aura pu proférer comme paroles vaines et vilains propos et pour permettre aux pauvres d'avoir quelque chose à manger, particulièrement le jour de l'Aïd. Tout comme la zakat ordinaire, la zakat liée à la rupture du jeûne revêt un caractère obligatoire. Elle peut être donnée 2 ou 3 jours avant l'Aïd, voire, pour certains exégètes, dès la moitié du mois de Ramadhan. Nombreux sont ceux qui préfèrent donner ce type de zakat aux gens démunis de leurs connaissances. Pour eux, les démunis faisant partie du cercle des proches et de la famille passent en priorité. Si, parmi la famille, il n'y a pas de démunis, alors on se rabat sur les voisins, collègues de travail et autres connaissances. «Personnellement, je ne fais pas confiance aux mendiants qu'on croise à longueur de journée dans la rue d'autant qu'il est difficile, pour ne pas dire impossible, de séparer le bon grain de l'ivraie. L'écrasante majorité de ces mendiants sont des professionnels. Je préfère donner l'aumône à un travailleur percevant 15 ou 20 mille dinars [et ayant à charge 3 ou 4 enfants] que de la donner à ces mendiants. On ne sait vraiment pas sur qui on peut tomber», nous dira un commerçant de Boufarik. Cette année, et comme tout un chacun le sait, le montant de la zakat el fitr a été fixé à cent dinars par personne. Pour ceux qui ne connaîtraient pas les personnes démunies de leur quartier, ou qui n'ont pas le temps de faire des investigations à ce sujet, il y a toujours un moyen de donner sa zakat. En effet, et suite à une directive du ministère des Affaires religieuses, chaque mosquée dispose d'une caisse hermétiquement fermée destinée à recueillir les dons des fidèles. Une fois l'argent de la zakat récolté, ce dernier est compté en présence de l'imam et des membres de la commission de la mosquée. Pour garantir la transparence de l'opération, un P-V est dressé. Sur ce dernier sont apposées les signatures de tous ceux ayant assisté à l'opération. Les familles nécessiteuses, qui auront au préalable déposé des dossiers chez l'imam de la mosquée en vue de bénéficier de la zakat, se verront octroyer l'argent selon le nombre de leurs membres et selon leur degré de pauvreté. Selon des échos recueillis çà et là, les «scores» en matière de collecte réalisés par les mosquées ne sont pas très grands, beaucoup de personne préférant remettre leur zakat à leurs connaissances, confiance oblige. En tout cas, et si faible que soit la somme encaissée par chaque famille démunie, nul doute que cela ne pourra que contribuer, un tant soit peu, à l'apaisement de ses innombrables difficultés. B. L.