Zakat al-fitr, à ne pas confondre avec zakat el mal, est une dîme soit en nature, soit en argent que tout musulman doit impérativement sortir au bénéfice exclusif des pauvres pour purifier son jeûne. Elle a, en dépit de son caractère modeste, une grande importance dans l'accomplissement du quatrième pilier de l'Islam tant au plan individuel que social. Elle est liée strictement à ce rite fondamental très respecté et suivi par les musulmans car il renforce la croyance, assure la piété et garantit la guidée. Au plan individuel, la zakat assure la purification du jeûneur de tout ce qui aurait pu entacher son jeûne, des propos obscènes ou un écart de conduite. Le musulman a peiné et patienté en répondant avec conviction et piété à l'appel de Dieu pour le jeûne, comme mentionné dans sourate El Baqara. Il a ainsi affronté la faim, la soif, la chaleur et la fatigue en se pliant à l'obligation divine en toute confiance et détermination. Il s'est efforcé aussi à profiter au maximum des jours et des nuits de ce mois sacré pour prier et faire le bien. Aussi, il aspire légitimement à ce que cet effort soit agréé par son Seigneur. Mais l'homme n'est jamais parfait, il se fait piéger par de petites fautes ou paroles qui peuvent lui échapper. Mais Dieu pardonne à ceux qui se repentissent et demandent pardon. Au plan social, zakat el fitr apporte aux nécessiteux, démunis et pauvres, notamment parmi les proches, les voisins et les gens connus pour leur situation modeste, une consolation et une joie en leur permettant de vivre la fête de l'Aïd el Fitr dans des conditions décentes. Le Prophète a dit : “Epargnez-leur la mendicité le jour de l'Aïd.” Si c'est un devoir pour le jeûneur de la sortir, elle constitue un droit pour cette catégorie sociale et non une aumône. Zakat el Fitr est avant tout l'impôt pour le pauvre et les démunis. Son montant peut paraître modique. Mais pris dans sa globalité, il est considérable et suffisant pour qu'il aille aux gens concernés. Comment peut-on l'évaluer ? On peut aussi l'offrir en suivant la tradition sous la forme de produits alimentaires d'un sa'a (mesure d'environ 2,7 kg) de riz, de blé, de dattes, ou d'autres aliments de ce genre. Saad ben Abou Sarh entendit dire Abou SaId El-Khoudri : “Nous offrions la zakat-al-fitr sous forme d'un saâ de grains, ou d'un saâ d'orge, ou d'un saâ de dattes, ou d'un saâ de fromage, ou d'un saâ de raisins”( Rapport dans Mouslim). Mais, aujourd'hui, avec la généralisation de la monnaie, ce sont les autorités religieuses qui l'évaluent et arrêtent annuellement son montant. Cette année, il est fixé à 100,00 DA pour chaque personne de la famille. Ceci confère plus de souplesse aussi bien pour les donateurs que pour les bénéficiaires qui auront toute latitude pour acquérir les produits qu'ils souhaitent le plus. Quand doit-on la sortir ? Zakat al-fitr doit être donnée à partir de la célébration de la Nuit du destin et peut être retardée jusqu'avant la prière de l'Aïd. Il faut faire attention, la zakat sortie après la prière devient une simple aumône et laisse donc le jeûne suspendu. Ibn Omar rapporta que le messager d'Allah (P. et S. soit sur lui) ordonna que zakat al-fitr soit donnée avant que les gens sortent de chez eux pour aller à la prière de l'Aïd. Il faut préciser que les pauvres qui n'ont rien à manger ce jour-là sont dispensés de la zakat, car Allah ne charge nulle âme au-dessus de ses moyens. À qui la donner ? Zakat al-fitr doit être donnée de la part des musulmans, qu'ils soient mineurs ou majeurs, de sexe masculin ou féminin. Ibn Omar rapporta que le messager d'Allah (P. et S. sur lui) la prescrivit comme paiement du mois de Ramadhan, et ce, à chaque musulman — qu'il soit libre ou esclave, de sexe masculin ou féminin, jeune ou vieux. Ainsi elle est destinée aux pauvres, notamment parmi les proches. On ne peut toutefois l'attribuer à d'autres que s'ils font défaut ou qu'il y ait plus nécessiteux qu'eux, ou que d'autres catégories en aient plus grand besoin. Il est admis de partager une aumône entre plusieurs personnes et de remettre plusieurs aumônes à un seul. À qui est-elle imposée ? Celui ou celle qui a une partie de nourriture — même un petit excédent — celle de la journée de l'Aïd, peut la donner en zakat, cela lui suffit. Allah dit dans le Coran : “Craignez Allah autant que vous le pouvez.”