Photo : A. Lemili Par Amirouche Yazid Le vocable revient à chaque fois que le bilan ou la gestion d'un dirigeant sont remis en cause. Ils sont, en effet, nombreux les élus ou les désignés à lancer cette phrase : «Je ne suis qu'un bénévole.» Mais personne ne sait vraiment en quoi consiste le bénévolat version algérienne. Il faut être frappé de sénilité pour ne pas comprendre que des dirigeants du sport algérien sont là pour se servir plutôt que pour servir la discipline dans laquelle ils exercent. Nul besoin de grands efforts pour trouver des explications. L'état de notre mouvement sportif national en est la parfaite illustration. La guerre qui entoure le renouvellement de l'instance morale du sport national, à savoir le Comité olympique algérien, balaie tous les doutes. Des acteurs, parfois étrangers au sport, se disputent des places et des postes de décision dans la perspective de renforcer leur place dans le secteur, transformé -faute d'une véritable autorité politique- en un terrain où se jouent les batailles les plus sordides. Ce qui a généré irrémédiablement un sentiment de mépris à l'égard du sport national de la part de la population qui est restée connectée avec le sport par dépit. Les Algériens sont naturellement attachés au sport nonobstant le produit que ces dirigeants leur servent. L'opinion sportive nationale ne retient que des contre-performances techniques ainsi que la dilapidation de l'argent public, un exercice que maîtrise cette génération de dirigeants, prête à produire une succession d'échecs pourvu qu'ils restent à leurs postes. Des dirigeants sont ainsi en poste depuis plus d‘une décennie avec des bilans médiocres. Face à cette situation, les pouvoirs publics n'ont rien fait. C'est à croire que la tutelle trouve plus ses marques quand le mouvement sportif national est dirigé par les professionnels du mensonge et les briseurs de rêve. Sinon, comment expliquer la dérive morale dans laquelle évoluent toutes nos disciplines, qui n'arrivent pas à assurer une simple opération de renouvellement des instances. On se rappelle du bruit et autre brouhaha ayant accompagné le déroulement de différentes élections pour une place dans l'assemblée générale ou dans le bureau exécutif. Aujourd'hui, la quasi-totalité de nos fédérations sont le résultat de règlements de comptes. Raison pour laquelle il est rare d'entendre un candidat présenter un programme quelconque visant à redresser la discipline. Bâtir des instances solides et en mesure d'encadre la discipline est le dernier de leurs soucis. Seule l'enveloppe financière les intéresse pour en faire ce qui sera, le moment opportun, présenté comme l'œuvre du bénévolat. Un tel mode de gestion ne doit plus perdurer. Il a tellement nui au sport national qu'il est urgent de lui substituer des niveaux de gestion basés sur le mérite et la transparence. Des dirigeants ont ainsi quitté leurs postes sans présenter les bilans de leur gestion. Ce qui est visiblement contraire à l'esprit de la bonne gouvernance. Mais c'est parce que les pouvoirs publics n'ont rien fait pour éliminer ce «mode» de bénévolat que des dirigeants s'en servent pour consolider leur place dans le monde du sport, qui ouvre les portes de celui des affaires. S'il existe encore des candidats plus soucieux de l'intérêt national, il se trouve manifestement des gens qui sont prêts à accomplir de sales besognes même au prix même de l'intérêt collectif. Le tout se fait au nom d'un bénévolat qu'il est difficile d'observer. Le salut du sport national passe incontestablement par l'instauration de la méritocratie à la place de ce qui est faussement présenté comme un bénévolat, sujet de tous les soupçons.Le sport algérien ne sera jamais doté d'instances solides si les portes de ces instances demeurent ouvertes aux fossoyeurs et autres indus désignés.