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Un succès planétaire et un souci majeur
Dubai, la perle du Golfe
Publié dans La Tribune le 09 - 07 - 2008

Il était 1h30 du matin (heure locale) quand l'avion de Turkish Airlines atterrit sur le tarmac de Dubai, après avoir décollé d'Istanbul et traversé pendant plus de 4 heures l'espace irakien et une partie du territoire du royaume de l'Arabie saoudite. A l'aéroport, vous êtes pris dans l'engrenage des longues chaînes pour les formalités de visa, bien que plusieurs bureaux soient mis à disposition en fonction de votre nationalité. Les citoyens des pays d'Asie, pourvoyeurs de main-d'œuvre, sont «entassés» et attendent à même le sol pour un hypothétique visa d'entrée dans le pays de leurs rêves. Il y a un trafic énorme de visa pour ces pauvres «gens», qui font l'objet d'arnaques, les faussaires et trafiquants leur soutirent de l'argent pour un accès chimérique aux Emirats arabes unis, nous confie un résidant au fait de ces pratiques.
Un désert domestiqué
Ils sont 36 millions de passagers à avoir «visité» l'aéroport en 2007, et on prévoit une augmentation de 4 millions pour 2008, un résultat qui peut facilement concurrencer les grands aéroports européens de Heathrow et de Francfort. L'aéroport, à lui seul, est une ville avec toutes les commodités et facilités, il accueille plusieurs dizaines de compagnies aériennes venues de partout. Si le climat à l'intérieur est clément et doux, par contre, à l'extérieur un air chaud vous suffoque. Surtout ne vous amusez pas à sortir et à faire quelques pas, même la nuit. La température est un handicap majeur, elle oblige les gens à vivre en «hibernation» au quotidien. Dehors, il fait chaud, l'air est poussiéreux, et, à l'intérieur des bâtisses, les climatiseurs fonctionnent sans arrêt. C'est vrai, il y a quelques années, la région était infréquentable en raison des conditions climatiques et de vie très pénibles, mais, le bon sens, la volonté politique et la détermination des responsables émiratis l'ont emporté, en réussissant à «domestiquer» et à transformer le désert en une «oasis urbaine». La comparaison avec d'autres pays est à faire, surtout pour ceux ayant réussi à relever le défi, mais, dans le sens inverse, c'est-à-dire en transformant les oasis en déserts. La désertification frappe aux portes des villages et villes, mais aucune action pratique palpable n'est engagée sérieusement avec pérennité.
Dubai : une entreprise économique
Dubai, qui fait partie des 7 «principautés» des Emirats arabes unis, a gagné un défi majeur, à savoir celui de devenir une plaque tournante dans le trafic maritime, financier et économique dans le monde. Les multinationales sont présentes dans tous les domaines d'activité économique et financière, offrant une dynamique économique impressionnante. Les secteurs des services, de la construction, de l'immobilier et du commerce connaissant un boom. Sur le plan urbanistique et architectural, les gratte-ciel cohabitent avec les forteresses, aucun espace n'est épargné, tout est en construction. Les chantiers des travaux publics et bâtiments pullulent, les Asiatiques travaillent d'arrache-pied, souvent dans des conditions difficiles, même la nuit. Néanmoins, les travaux avancent à une cadence effrénée. Les réseaux et voies de communication facilitent la circulation des biens et des personnes. Dubai est géré comme une entreprise économique, son émir est le directeur exécutif par excellence. Sa gestion obéit à des règles d'efficacité, de bonne gouvernance et de rationalité, observe The Financial Times, le journal des affaires britannique dans l'une de ses récentes éditions. D'ailleurs, à titre d'exemple, le management du port de Dubai est un modèle à méditer et un module à enseigner dans les grandes universités du monde, nous dit fièrement M. Saad Abbas de la fondation Al Maktoum. Ce n'est pas un hasard si la compagnie de gestion du port de Dubai a réussi à arracher la gestion des ports aux Américains, malgré la levée de boucliers de la part de la grande puissance économique américaine. La gestion de nos ports ne peut-être que bénéfique, estime M. Abbas, car elle répond aux seuls critères d'efficacité et de rentabilité économique, lesquels nous font grandement défaut, en raison des interférences, des incohérences et des dysfonctionnements de tous genres.
Le secret de la réussite
Mais, quel est le secret de cette réussite ? sommes-nous en droit nous interroger. La réponse est à chercher au niveau de la volonté politique, de la bonne gouvernance et de l'efficacité économique et technologique. Dubai et les Emirats arabes unis, non seulement font appel aux compétences et expertises mondiales sans se soucier de l'argent, mais ont également introduit dans leur approche et méthodes de travail les dernières prouesses des technologies de l'information et de la communication. Ainsi, les compétences arabes installées aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne sont très sollicitées. Syriens, Libanais, Palestiniens, Egyptiens, Libyens, Algériens et Marocains se côtoient dans le même espace économique, et font partie de l'encadrement. En revanche, la main-d'œuvre est constituée essentiellement d'Asiatiques, d'Indiens, de Pakistanais, de Bengalais, de Philippins, de Népalais, d'Indonésiens et, à un degré moindre, d'Africains, de Soudanais, de Somaliens et d'Ethiopiens. Mais la grande crainte qui hante les responsables émiratis est incontestablement leur avenir, en termes démographiques. Ils sont minoritaires et représentent uniquement 14% de la population. Les Asiatiques, à leur tête les Indiens, sont plus nombreux que les populations autochtones. Un dilemme auquel font face les responsables émiratis pour désamorcer la «bombe asiatique». Ainsi, des mesures sont prises pour encourager la natalité et faciliter la naturalisation pour les habitants d'origine arabe.
Sawaaed : promouvoir la culture et le savoir
Cela dit, l'argent du succès est recyclé dans des investissements à travers le monde, y compris en Algérie. En parallèle, des actions caritatives et de bienfaisance sont engagées pour encourager la promotion de la culture, du savoir et de la connaissance dans le Monde arabe et musulman. A ce titre, la fondation Mohamed Ibn Rashi Al Maktoum a alloué 10 milliards de dollars. Un programme appelé Sawaaed a été créé et lancé avec des fonds pour les projets relatifs aux technologies de l'information et de la communication et de la société du savoir et de l'information dans la région arabe.
L'Algérie en fait partie et est admise à postuler. Ainsi, les responsables des entreprises privées versées dans les TIC peuvent soumettre leurs propositions en s'adressant à [email protected] où toutes les informations seront communiquées. Par ailleurs, les responsables de la fondation, à travers cette action, émettent le vœu de voir l'émergence d'une intelligentsia arabe capable de fournir des contenus et programmes technologiques adéquats et de répondre aux besoins particuliers du Monde arabe en agissant sur le devenir de la société mondiale de l'information et du savoir.
L. Z.


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