Trois septuagénaires, un couple avec un bébé de 15 mois et trois autres jeunes ont été abandonnés par leurs agences de voyages à Djeddah. Ils sont arrivés à l'escale turque sans réservation confirmée. Le consulat d'Algérie à Istanbul a réussi à rapatrier les personnes âgées samedi sur un vol d'Air Algérie. Les autres attendent toujours d'embarquer sur un vol à destination d'Alger. Une dizaine de ressortissants algériens, ayant accompli l'omra 2008, sont bloqués depuis vendredi à l'aéroport d'Istanbul. À l'exception d'un jeune qui a voyagé seul, les autres effectuaient le pèlerinage aux Lieux saints de l'Islam sous l'égide d'agences de voyages privées, qui n'ont pas respecté leurs engagements de les assister jusqu'à leur retour au pays. D'ailleurs, trois personnes âgées (deux femmes et un homme) ont été carrément abandonnées, à Djeddah, par leur accompagnateur de Nadjah Travel Agence. À l'exception d'une vieille dame qui avait sur elle le numéro de portable de son fils, les deux autres avaient laissé les coordonnées de leurs proches ainsi que l'argent de retour vers leurs villes (Sétif et Tipasa) chez leur accompagnateur. Les pèlerins algériens sont arrivés, vendredi tôt dans la matinée, à l'escale d'Istanbul sans réservation confirmée sur le vol de Turkish Airlines à destination d'Alger. Au comptoir réservé aux transitaires par la compagnie turque, les onze Algériens sans OK sur leurs billets sont systématiquement mis sur la liste d'attente. Le chef d'escale — très agressif au demeurant — ne leur a pas donné beaucoup d'espoir quant à une possibilité de les embarquer sur le vol 1277. “Il n'y a pas de places pour aujourd'hui, ni pour demain ni pour dimanche. À partir de cette date, vous serez déportés”, a-t-il lancé dans un anglais approximatif. La loi turque autorise un transit de trois jours dans la zone internationale de l'aéroport. Au-delà, les passagers sans réservation et sans visa d'entrée dans le territoire de souveraineté de la République de Turquie sont considérés comme des immigrants clandestins, nous explique-t-on. L'avion décolle effectivement sans les onze passagers algériens, avec deux sièges vides, apprend-on plus tard. Commence alors une galère qui continue jusqu'au moment où nous mettons sous presse, pour cinq d'entre eux. La présence à l'aéroport d'Istanbul de quatre journalistes algériens (Liberté, ENTV et l'Expression), revenant de Téhéran où ils venaient de terminer une mission de travail de quatre jours, a alerté le consulat d'Algérie à Istanbul sur le cas de ces Algériens en difficulté. D'autant que les représentants de la presse nationale vivaient une situation similaire du fait que leurs hôtes iraniens ont omis de confirmer leur réservation de retour à partir de l'escale turque. “Nous ne sommes souvent pas informés des difficultés de nos ressortissants à l'aéroport ou à l'intérieur du pays d'accueil”, a regretté une représentante du consulat algérien, venue pour assister les journalistes. Elle a été alors mise au courant de la situation des 3 septuagénaires, d'un couple accompagné de leur bébé de 15 mois et de trois autres jeunes hommes, tous laissés en rade dans la zone de transit de l'aéroport d'Istanbul. Il est vrai que ces Algériens ne parlent pas l'anglais. Il ne leur était donc pas loisible de communiquer avec les officiels turcs, visiblement agacés des problèmes posés par les voyageurs transitaires, particulièrement des Algériens et des Afghans. Ils ne possédaient pas, non plus, assez d'argent pour faire face aux grosses dépenses de restauration et d'hébergement induites par un séjour non programmé dans l'enceinte aéroportuaire d'Istanbul (la compagnie devant les transporter a dégagé sa responsabilité du moment que la faute incombe théoriquement aux passagers). Un menu au Burger King (hamburger, une boisson et une portion de frites) coûte entre 10 et 16 euros. Le prix d'un repas plus consistant démarre à 15 euros. L'hôtel de l'aéroport offre un repos de 0h à 4h pour 85 euros. Il faut payer 120 euros pour une nuit entière (check out à midi). Sans carte d'embarquement, il n'est pas autorisé de faire des achats dans les espaces duty free (chocolat, biscuit…). Les cartes téléphoniques sont cédées à 4,5 euros pour 4 minutes d'appels à l'étranger. Une journée en stand-by dans l'espace de transit revient (sans frais d'hébergement) à plus de 60 euros, si l'on ne se laisse pas mourir de faim. La représentante du consulat d'Algérie à Istanbul a offert, vendredi, le déjeuner à quatre ressortissants (les 3 personnes âgées et la dame avec son bébé). Les journalistes les ont assistés autant qu'ils le pouvaient, jusqu'à leur départ sur Alger. Le consulat et Air Algérie ont réussi à rapatrier, dans la nuit de vendredi à samedi, les trois septuagénaires. Ils devaient trouver des places, aux autres, dans le vol de dimanche soir. Le cas échéant (les vols en provenance d'Istanbul vers Alger sont toujours pleins à cause des trabendistes), ils devraient patienter jusqu'au prochain vol d'Air Algérie, programmé pour jeudi. Les passagers trouvent refuge, durant la nuit, dans la mosquée de la structure aéroportuaire. S. H.